Le procès du père de Mathis s'est ouvert ce lundi matin. L'homme de 41 ans est sorti de son silence mais n'a pas encore apporté les réponses attendues.
"Ce serait le plus grand bonheur, le plus beau cadeau qu'il peux nous faire parce qu'il sait très bien qu'il nous fait beaucoup de mal", déclarait ce lundi matin Elisabeth Jouanneau avant l'ouverture du procès. Sur le banc des parties civiles, tous attendent une réponse à la question qui les hante depuis bientôt quatre ans: où est Mathis ? L'avocate de Sylvain Jouanneau a déjà prévenu que cette information ne serait pas livrée au cours du procès, au motif que son client est incarcéré depuis trois ans et demi. Ce que confirme l'intéressé quand il déclare à la cour: "Je refuse d'entendre parler d'enlèvement et de séquestration. Avec ces chefs d'accusation, c'est la justice qui bloque la situation."
Alors que Me Aline Lebret, avocate des parties civiles, rappelait que Mathis lui -même était partie civile via sa mère, Nathalie Barré, Sylvain Jouanneau s'est exclamé "Mathis est victime de quoi ?". "Trois ans et demi sans ses proches", a répondu l'avocate. "Ça
vous pose un problème?", a rétorqué le père du petit garçon.
Pendant près d'une heure et demie, ce dernier est revenu sur son passé professionnel et amoureux, se décrivant comme quelqu'un de "perfectionniste", aimant "aller jusqu'au bout". Il a raconté être devenu maçon après avoir été cadre dans une entreprise d'électronique, pour avoir du temps à consacrer à son fils. Il s'est dépeint comme quelqu'un de solitaire mais qui s'est souvent senti "pas à sa place". Il est revenu sur sa tentative de suicide lorsqu'il était étudiant et sur ses multiples séjours en hôpital psychiatrique.
Sylvain Jouanneau n'a pas pu compter sur le soutien de certains membres de sa famille appelés à témoigner en fin de matinée avant la suspension d'audience. Son frère de 32 ans l'a qualifié à la barre de "jusqu'au-boutiste, quitte à ne pas forcément écouter
l'avis des autres". Il a également déclaré que le sort de Sylvain Jouanneau lui importait peu, "il n'y a que Mathis qui compte".
Reportage de Franck Bodereau et Jean-Michel Guillaud
Intervenants:
- Elisabeth Jouanneau, mère de Sylvain Jouanneau
- Me Véronique Demillière, avocate de Sylvain Jouanneau