Thomas, le vétérinaire ornais, nous emmène cette fois chez Michel et Josiane Dubief, éleveurs de trotteurs près de Mortage-au-Perche. Ses visites sont tournées vers la gynécologie pour connaître les moments d'ovulation, les contrôles après saillies et l'accompagnement des jeunes poulains.
On est lundi matin. Thomas, notre vétérinaire percheron sort de la clinique et monte en voiture. Il est 8 heures. Comme le mercredi et le vendredi, ses matinées sont réservées à des séquences de gynécologie chez les éleveurs de la région. « Nous surveillons les chaleurs et diagnostiquons les ovulations. En d’autres termes, nous sommes une aide à la décision pour les professionnels de l’élevage A nous de les accompagner pour préciser le moment propice pour amener les mères aux étalons. »
Direction l’élevage du Noyer. Michel et Josiane Dubief produisent des trotteurs. Thomas vient réaliser des échographies. Pour Aliberty, les follicules mesurent jusqu’à 41 mm aujourd’hui. En fonction de la grandeur mais aussi de l’expérience il faut donner le « GO ». « Vous pouvez y aller dit Thomas » Josiane prend le "Guide des étalons trotteurs" et l’ouvre à la page du géniteur désiré.
« Chaque fiche permet de voir la généalogie du Père mais aussi ses résultats en courses ainsi que ceux de ses produits. Et puis très pratiquement, il y a aussi le numéro de téléphone qui permet de fixer le rendez-vous le lendemain idéalement. Mais les étalons ne reçoivent pas tous les jours. Ce n’est pas simple de répondre à toutes les contraintes. Car la fenêtre pour intervernir reste limitée. »
C’est un moment important « L’éleveur connaît ses juments. Il est essentiel évidemment dans le processus de décision. C’est un travail en commun. Chacun son métier », continue Thomas.
« Oui c’est un moment très important, répond Michel en échos. « Les conséquences de nos décisions ne sont pas neutres. Certaines juments ne prennent pas facilement. Le père choisi peut également ne pas avoir un sperme très performant. Si ce la ne marche pas, Il faut alors attendre les chaleurs suivantes…. En espérant que cette année là, la jument ne reste pas vide. »
Moment également important car la saison avance. « Nous sommes tous pareils précise Thomas. Lors des ventes, le modèle, et le développement du poulain seront des éléments importants qui influenceront les acheteurs. Tout le monde sait que les poulains ont le même âge. Ils sont « à la lettre », Ils sont donc tous de la même année. Mais leur date de naissance joue sur leur développement : s’il est né en début d’année, il sera forcément plus grand que son voisin né en juin. Or la gestation c’est 11 mois a minima. Pour essayer d’influer, il y a des élevages qui essayent de mettre à la reproduction très tôt dans l’année. Mais le début des chaleurs dépend de la longueur des journées, en clair les juments retombent en chaleur à la fin de l’hiver quand les jours rallongent. Alors on les place dans la lumière artificielle par anticipation. A partir de octobre ou novembre, on laisse la lumière allumée. Le cerveau de la jument interprête ces informations. »
Dans ses visites Thomas vient également regarder les nouveaux nés. « La jument a pouliné cette nuit. » Le mères se succèdent. L’échographe laisse apparaître une ombre ovale. « Celle-ci est pleine ». Pour d’autres, comme la suivante, la visite de contrôle 14 jours après n’a pas le même résultat. « Il faut remettre ça ». Ce n’est pas une bonne nouvelle.
Michel et Josiane sont des vrais passionnés. Ils ont même abandonné leur profession d’origine pour se consacrer entièrement à leur passion. « Nous avons été charcutiers pendant 30 ans. Nous élevions en même temps. » Dans leur propriété non loin de Mortagne-au-Perche ils sont entourés de pâtures. « Nous avons 18 ou 19 poulains cette année. Mais le nombre importe peu. Ce qui est important pour nous, c’est la qualité. »
Et ce souci du détail, de la généalogie, de l’accompagnement, leur permet d’engranger de jolis succès. Le fait d’avoir driver pendant 4 ans pour Michel Dubief aide également. Et puis le monde du trot est différent de celui du galop dans la mesure où des poulains de grande qualité peuvent encore sortir d’élevages de taille raisonnable. « Les cas ne manquent pas. Certains sont particulièrement symboliques : Jag de Bellouet, par exemple qui est né à Argentan, avait été acheté 15 000 euros. Il a gagné le Prix d’Amérique après avoir emporté le championnat du monde des trotteurs au monté, le Prix de Cornulier… Un véritable exploit.»