Là où ça bouge souffle cette année ses 10 bougies. A cette occasion, l'équipe vous prépare un numéro spécial pour l'édition régionale de ce vendredi soir. En attendant, rencontre avec Jacques Perrotte et Bertrand Goulet, les 2 "papas" de ce rendez-vous de l'actualité culturelle en Basse-Normandie.
C'était il y a bientôt 10 ans. Le 9 septembre 2005, les téléspectateurs de France 3 Basse-Normandie découvrait un nouveau rendez-vous dans leur édition régionale. Là où ça bouge, c'est la culture dans tous ses états dans les trois départements de la région. A l'origine de ce projet, Jacques Perrotte et Bertrand Goulet. Les deux "papas" de LOCB reviennent sur cette aventure télévisuelle et humaine avant un numéro spécial qui sera diffusé ce vendredi soir dans votre journal régional.
Comment est né Là où ça bouge ?
Jacques Perrotte: "Sur France 3, il n'y avait pas d'annonce de ce qui se passait en amont. L'idée, c'était de parler des spectacles avant qu'ils aient lieu pour que les gens puissent y aller, pour les inciter à sortir, leur donner envie de sortir. J'ai demandé à Bertrand s'il voulait se lancer avec moi dans cette aventure. On se connaît depuis 30 ans maintenant. Avant la télévision, on avait déjà travaillé ensemble à la radio. Il a dit oui tout de suite.
Bertrand Goulet: Je n'étais pas forcément attiré par la culture. Ce qui m'a intéressé, c'était la possibilité de travailler autrement. On s'est dit dés le départ qu'il fallait trouver une écriture différente, écrire différemment du journal.
Jacques Perrotte: On avait peur de la litanie des annonces. C'était un piège dans lequel il ne fallait pas tomber. En même temps, je ne savais pas si il fallait que j'apparaisse à l'écran. A l'époque, il y avait beaucoup d'animateurs qui se mettaient en avant. Pour nous, ce sont la artistes qu'il faut mettre en avant. Jean-Claude Collot, à l'époque directeur de la Scène Nationale 61, m'a dit qu'il fallait qu'il y ait un guide, que je devienne un personnage, le Monsieur Loyal de la culture en Basse-Normandie.
Bertrand Goulet: A partir de là, une écriture est née. J'ai commencé à travailler au grand angle et toujours en mouvement pour m'adapter à Jacques.
Jacques Perrotte: Les débuts ont été rock and roll. On était que deux et on faisait énormément de kilomètres sur les trois département bas-normands. Ça a duré deux ans.
Bertrand Goulet: Au début, les gens ne comprenaient pas ce qu'on faisait. Il a fallu convaincre, leur prouver ce qu'on savait faire. Quand ils ont vu qu'on ne venait pas que tous les deux ans mais tous les mois, la machine s'est enclenchée.
Bertrand, quel est le rôle de Jacques dans LOCB ?
Bertrand: Jacques, c'est l'image, l'enseigne, le Monsieur Loyal. Il faut quelqu'un qui prenne la lumière et qui accepte de la prendre, ce n'est pas forcément toujours évident. On a un caractère très différent, on ne devrait pas s'entendre. C'est pour ça qu'on s'entend !
Jacques, quel est le rôle de Bertrand dans LOCB ?
Jacques: C'est mon fidèle complice et le réalisateur. Il met en valeur nos idées, nos fantasmes. On n'a pas besoin de se parler pour tourner. On est d'accord sur la raison pour laquelle on est là: mettre en valeur les artistes. On sait où est notre place. La discrétion est fondamentale.
Bertrand: Une fois que le tournage est terminé, l'équipe est détentrice de ce que les gens ont parfois mis deux ou trois ans à faire. C'est une énorme responsabilité.
Quels sont vos meilleurs souvenirs de ces 10 ans de LOCB ?
Jacques: C'est compliqué...
Bertrand: L'année 2011 a sans douté été l'une des plus intenses. On a fait 143 directs cette année-là. On a beaucoup appris.
Jacques: Je me souviens notamment avoir interrompu Michel Onfray, en plein cours durant l'université populaire, pour l'interviewer. Je me souviens aussi de David Fauvel qui, en l'espace de quelques secondes, quitte l'interview et bascule dans son personnage. Ou encore David Bobée, qui nous présente sa dernière création au théâtre de Caen. A la fin de l'interview, il lance à son équipe: Bon les gars, on y va ! Et c'est parti pour un extrait de huit minutes que Bertrand suit en mouvement, caméra à l'épaule. Tout ça en une seule prise, sans coupure. C'était du direct.
Que retenez-vous de ces 10 ans de Là où ça bouge ?
Jacques: La fierté d'être des passeurs entre les artistes et le public. Le dynamisme d'une région se jauge à la capacité qu'ont les gens de se réunir. L'art, la culture, c'est pour créer des rencontres. François Morel a dit: il y a plus de monde dans les salles de spectacle que dans les stades de foot.
Bertrand: En Basse-Normandie, les gens sont toujours humbles et modestes. Il y a pourtant une multitude de choses qui se font dans le domaine de la culture en Basse-Normandie, que ce soit en musique avec la nouvelle scène qui fait la une de médias comme Les Inrocks ou en théâtre avec des créations qui tournent dans toute la France. Ma fierté c'est d'avoir créé, installé et continué un rendez-vous de service public.
Et l'avenir ?
Jacques: On continue l'année prochaine, du lundi au vendredi sur 5 minutes, et le samedi avec l'agenda culturel. La rentrée, ce sera le festival du cinéma américain à Deauville. On est partant pour plus d'antenne !
Best-Of: retour en vidéo sur 10 ans de Là où ça bouge