C'est le résultat d'un petit sondage interne mené par l'association des usagers du Paris-Caen-Cherbourg. Il est encore en cours de consultation mais on voit nettement se dessiner une tendance, 70% des usagers du train entre la Normandie et Paris resteront chez eux le 11 mai.

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Certes tout le monde n'a pas le choix. Et parmi les 30% qui s'expriment pour le"oui" dans ce sondage, l'argument donné est clair : ils n'ont pas d'autres solutions. 
"Je fais un trajet journalier entre Bayeux et Paris", explique une sondée sur Facebook. "Et je n'ai pas la possibilité d'adapter mes horaires."
Elle sera donc parmi les voyageurs du Paris-Caen-Cherbourg dans les prochaines semaines, probablement la boule au ventre.

On a tellement de question sans réponses : les masques, les places séparées, les réservations de billets, la circulation même des trains alors qu'on sait très bien qu'après une longue période d'arrêt, le parc normand est souvent victime de pannes à répétion. Comment nous assurer la distanciation physique si peu de trains roulent ?
(Pierre Dumont, président de l'UDUPC)



L'Union des Usagers du Paris-Caen Cherbourg sera, avec son homologue de Haute Normandie pour les voyageurs de la ligne entre Le Havre et Paris, dans le bureau du Président de Région, Hervé Morin, le 4 mai 2020.

Ce dernier les réunit après avoir passé beaucoup de temps à préparer le retour des normands dans les trains avec la SNCF.
Mais c'est un casse-tête qu'il reconnaît volontiers, sur tous les plateaux de télévisions et de radios où il est invité depuis quelques jours. "A savoir également, que malgré ce que préconise le gouvernement, il est impossible de mettre plus de trains ou de faire des trains plus longs en Normandie. Tout au plus, nous ne pouvons revenir qu'à une situation "normale".... si tant est qu'elle est possible", remarque lui-aussi Pierre Dumont, le président de l'UDUPC. 

Les normands veulent éviter le train, c'est une évidence à la lecture des premières réponses sur le sondage effectué grâce aux réseaux sociaux.

Prendrez vous le train à parti du 11 mai ? 
66% de NON sur Facebook
34% de OUI

A préciser qu'il reste encore quelques jours de vie au sondage, et que les chiffres peuvent évoluer, mais la tendance est dessinée.

Sur Twitter, la Tendance C'est plutôt 75% de Non
   

Le travail à distance, devenu la norme ?


Parmi les 70% de "non", la grand majorité va continuer à travailler mais "à distance", à la maison. Une révolution ? Pas tant que ça, en fait. 

Le télétravail n'avait déjà pas de mystère pour eux. Ils sont des habitués, des précurseurs et avaient choisi ce nouveau mode de travail avant la crise.

Bastien Recher, urbaniste à la Région Ile-de-France, n'aurait certainement pas pris la décision de quitter la Capitale si cette possibilité n'avait pas été une réalité. Le déplacement pendulaire c'est une autre époque pour cette génération de quadras.

"La culture du présentiel au travail va changer, et c'est tant mieux. Je pense qu'on ne reviendra jamais en arrière. Tous les copains qui me raillaient quand j'ai quitté Paris pour Caen cherchent maintenant les bons plans pour faire comme moi."

Il en est convaincu. Et beaucoup s'accordent à penser que ce sera l'une des conséquences de cette crise inédite.
 

On a déjà traversé la grande grève de décembre à la SNCF grâce au télétravail. C'est pas une nouveauté pour moi, ce mode de vie, je le pratique toute l'année jusqu'à 2 à 3 jours par semaine. Ce serait de toute manière invivable s'il fallait prendre le train chaque matin et chaque soir de la semaine, entre la Normandie et Paris. Là, ce qui change c'est que je ne suis pas retourné au bureau depuis le 13 mars mais je travaille et on reste efficace.
 

Aucun doute, non plus, chez Véronique Traxel. Elle est employée au siège de la Banque Postale, en plein 6 ème arrondissement de Paris. "Mais j'habite à Carteret  (ndlr: au bord de la mer, dans la Manche) depuis plus d'un an. Un changement de vie radicale. J'ai bénéficié d'une possibilité de 3 jours de télétravail après 55 ans."
Un jour par semaine, elle prend le train à partir de Valognes, le matin à 6 heures. 

Les grèves, les trains en retard, la crise sanitaire : autant de freins à la vie économique, de galères pour les travailleurs franciliens qu'elle n'a pas eu à subir. "Moi je suis à la maison et je poursuis parfaitement ma mission depuis mon domicile. Et pourtant je travaille dans la Banque. On aurait pu craindre des problèmes de sécurité-réseau, etc. Mais il y a toujours une solution." Quand on veut, on peut. Et grâce à ses accords d'entreprise, Véronique a trouvé le bon équilibre.


"On ne se moque plus de moi en réunion"


Depuis que tous ses colllègues et chefs de service sont en télétravail "obligé", c'est à dire depuis le 16 mars, le regard des autres a changé. "Avant je sentais toujours des sourires, des agacements et des petites phrases qui voulaient tout dire, sur le mode de la blague. Elle est en télétravail donc elle ne fait rien pensaient certains très fort. Ils ont forcément changé d'avis depuis qu'ils sont dedans."

Ceux qui avaient des doutes sur le télétravail voient que ça roule, que ça tourne sans interruption malgré la situation inimaginable avant qu'on est en train de traverser. On a même fait une plénière à 40 personnes ces derniers jours, par webcam.

 

A deux dans un bureau à Paris? Impossible


Retourner au bureau à Paris, c'est parfois travailler dans des espaces partagés avec plusieurs dizaines de personnes. "Nous on est deux dans un bureau partagé. c'est le même problème", explique Véronique qui se sent bien plus en sécurité, chez elle.

Son entreprise a également envoyé un sondage à tous ses employés ces derniers jours : masque, distanciation, cantine, tout est abordé.

Aucun frein n'est mis au télétravail ou travail à distance ( juridiquement, ce n'est pas tout à fait la même chose) et le gouvernement encourage même les entreprises qui le peuvent, à poursuivre jusqu'à mi-juin.


Des abonnements SNCF suspendus


Le manque à gagner risque d'être important pour la Région Normandie qui gère le ferroviaire depuis le début de l'année 2020. Les abonnements des normands représentent en moyenne 200 à 300 euros par mois.

"Moi j'ai tout suspendu et je ne reprendrai peut-être pas avant mi-juin, voire septembre", suppose Olivier qui travaille dans l'informatique à Paris. "Le télétravail, c'est une culture innée dans ma branche et je ne suis pas prêt à retourner à Paris", explique t-il, soucieux de protéger la santé de ses enfants, en Normandie.  

Si 70% des Normands qui travaillent à Paris font de même, les ressources régionales liées aux abonnements, vont s'effondrer. Un manque à gagner de plus. 

Les "confcall" ( audiconférences ou réunions téléphoniques) font désormais partie de nos vies. Un passage ou un changement irréversible ? L'avenir nous le dira. 

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