D-Day : Encore un vestige probable du Débarquement qui ressurgit du passé à Omaha Beach

Sur la plage d'Omaha Beach, entre Saint Laurent-sur-Mer et Colleville-sur-Mer, un imposant objet en métal se dévoile timidement au gré des marées. Pourrait-il s'agir d'un bateau américain, échoué depuis juin 1944 ? Un passionné éclairé mène l'enquête.

Laurent Guérin se promène toutes les semaines sur la plage d'Omaha Beach, "la sanglante", "là où les Américains ont construit leur légende", raconte ce passionné d'histoire.

Il connaît parfaitement les particularités de cette plage "macrotidale", avec ses bancs de sable et ses "noues", ces rivières plus profondes, visibles à marée basse, qui sculptent la plage. 

Avec les marées et les courants, ces collines de sable se déplacent comme des serpents, qui emprisonnent ou révèlent, c'est selon, des trésors. 

Rencontre avec Laurent Guérin, qui mène l'enquête sur les traces du passé.

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Reportage de Lara Dolan, Ruohan Chen et Sylvain Ledey ©France 3 Normandie

Mercredi dernier, en courant, Laurent Guérin aperçoit une structure en acier à la surface. "C'est comme un iceberg, c'est la partie émergée, l'avant du bateau, mais on peut supposer, que là sous nos pieds repose le reste de la coque d'un bateau américain. Parlons au conditionnel, mais je pense que c'est le LCI 497.", confiait-t-il, quatre jours après. 

Un bateau "LCI" échoué depuis juin 1944 

LCI, comme Landind Craft Infantery. Ce bateau amenait les troupes sur la plage. D'après ses recherches, il a été stoppé net dans sa progression en juin 1944 "soit par une mine soit par un projectile et il est venu se coucher sur le LCT 25, un bateau qui transportait des chars", précise Laurent Guérin.

Ces hypothèses reposent sur tout un travail de documentation. Affable et passionné, il s'est procuré des photos aériennes de l'armée américaine, prises ici le 15 juin 1945. "Cela reste un mystère, je ne sais pas pourquoi ils sont revenus un an après, photographier les plages, mais aujourd'hui ces images me permettent d'identifier les vestiges".

Laurent Guérin peut également se fier aux images, prises par des habitants. À l’époque, c'était rare. Mais il connaît un habitant, âgé aujourd'hui de 96 ans, qui reçoit, pour l'obtention de son diplôme d'ingénieur, un appareil photo, en cadeau. Miracle. Pendant l'automne 1949, il passe tout son temps à prendre des clichés, qui servent aujourd'hui à vérifier et comparer. 

Les photos de familles s'avèrent précieuses, à plus d'un titre. Sur celle-ci, confiée par une autre famille, des enfants s'amusent, insouciants, sur des navires de guerre. Quels précieux indices puisqu'il s'agit, au premier plan, du LCT 25 (transportant les chars) et en arrière-plan le fameux LCI 497. Celui qui pourrait, réapparaître depuis quelques jours sur la plage d'Omaha Beach. 

Deux jours à peine, après la rédaction de cet article,  Laurent Guérin retrouve cette pépite. Une photographie de 1944. Et nous rappelle. 

C'est confirmé, c'est bien le navire LCI 497, qui mesurait 47 mètres de long. J'ai retrouvé une autre photo depuis. Bien sûr, on ne voit que ce les ferrailleurs de l'entreprise Van Loo n'ont pas pu découper et surtout enlever, dans les années 50. Une grande partie des vestiges se trouve sous le premier banc de sable. C'est incroyable !

Laurent Guérin, Passionné par l'Histoire du Débarquement

Deux vestiges de bateau découverts en un mois

À la veille du 80ème anniversaire du débarquement, il semblerait que la mer se montre généreuse. Début mars, déjà, un autre vestige a refait surface. Mais celui-ci reste encore énigmatique. 

"J'ai deux hypothèses, soit c'est le LCT 555 que l'on voit sur cette photo en 1944, mais bizarrement, il ne figure plus sur le cliché de 1945. En revanche, il y a une empreinte de bateau, à un endroit similaire, sur une photo de 1949. C'est très mystérieux.

Ou alors ces vestiges appartiennent à un engin de l'entreprise belge, Van Loo, qui a été mandatée pour découper tous les navires de guerre, à partir de 1949. Ils sont restés cinq ans ici pour faire le ménage et vendre la ferraille. C'est une piste aussi. ", s'interroge Laurent Guérin. 

Cette plage ressemble à un garde-meubles. Des trésors apparaissent, puis disparaissent selon l'humeur des bancs de sables et de la mer qui abrite au large une vingtaine de vestiges du port artificiel d'Omaha. On cite beaucoup Arromanches, en secteur britannique, mais les américains avaient aussi le leur".

Laurent Guérin, passionné éclairé des vestiges d'Omaha Beach

Des traces archéologiques de ce port artificiel américain sont visibles grâce aux images sonar, prises par les spécialistes du SHOM.

Un jour, Laurent Guérin a d'ailleurs découvert ces amas de ferraille, au bout de la plage, dans le secteur de Vierville-sur-Mer, "peut-être des restes d'un caisson en béton du Port artificiel Murlberry A. A comme américain",  

 

Ces tiges métalliques pourraient être l'armature du caisson que nous pouvons voir sur cette photo, prise le 15 juin 1945, par l'armée américaine. 

C'était en 2017. Et depuis, il ne les a jamais revus. Les bancs de sable l'avaient repris dans leurs entrailles. 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               

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