Les élèves de l'école primaire d'Amayé-sur-Orne (Calvados) se sont plongés dans la peau des écoliers des années 1940 pendant une journée. Un projet pédagogique pour préserver la mémoire du Débarquement, qui fêtera son 80ème anniversaire le 6 juin prochain.
Tous les enfants de l'école primaire d'Amayé-sur-Orne (Calvados) ont revêtu des habits d'époque pour une journée un peu particulière. À moins de trois mois des commémorations du 80ème anniversaire du Débarquement, le 6 juin prochain, leur institutrice leur a proposé de vivre comme des écoliers de 10 ans sous l'occupation allemande.
D'anciens écoliers pour témoigner
"Nous devons, en tant qu'enseignants, leur permettre de connaître et de rencontrer des personnes qui pourront être des modèles pour eux", explique Muriel Salignon, directrice de l’école primaire Jacques Texier et instigatrice du projet pédagogique "Avoir dix ans sous l'occupation".
Le devoir de mémoire est très important, même dans ces moments-là où la liberté est tellement fragile.
Muriel Salignon, directrice de l’école primaire
La journée de classe commence par une rencontre avec Eugène, Isabelle et Huguetten, trois enfants de l'école du village au moment de la Seconde Guerre mondiale. Curieux, les élèves posent leurs questions : "Quel âge aviez-vous en 1944 ? Quelle était une journée type à l'école ?"
"Je suis entré à l'école le 1er octobre 1936 et mon dernier jour d'école, c'était le 5 juin 1944, la veille du Débarquement", témoigne Eugène. Assise à sa droite, son ancienne camarade se souvient plutôt des coups de règle de la maîtresse sur les doigts pour punir les bavardages : "Ça ne plaisantait pas !"
Des topinambours à la cantine
Puis vient le temps de la récréation où les élèves sortent une corde à sauter, courent derrière cerceaux ou jouent à la marelle. Des jeux qui n'ont pas vraiment quitté les écoles en 80 ans.
Il y a des jeux qu'on a encore maintenant comme les billes, on y joue souvent à la récréation.
Un élève de l'école
Cette journée est aussi l'occasion de faire découvrir l'usage des tickets de rationnement aux enfants. "Les gens ne pouvaient pas acheter tout ce qu'ils voulaient alors ils avaient ces tickets-là et avec ça, ils obtenaient un poulet, un kilo de pommes ou un petit pot de crème. Ce n'était pas facile à trouver", leur explique le chef cuisinier de l'école.
Pour le repas, le chef leur a même préparé des topinambours, un tubercule rustique particulièrement consommé durant l’occupation, car il échappa aux restrictions alimentaires imposées par les soldats allemands.
"Je ne connaissais pas le topinambour", confie une écolière. Son camarade a déjà retenu toutes ses propriétés : "On pouvait le faire pousser vite et donc se nourrir beaucoup plus vite". Des légumes oubliés, mais une période de l'histoire désormais bien vivante dans l'esprit de ces écoliers normands.
Avec Florent Turpin et Thomas Tavitian