Des archéologues ont mis au jour des blocs de béton lors d'un sondage effectué sur le tracé de la future ligne de tramway, près de la préfecture. Il s'agit des fondations d'un bunker rasé après la guerre.
Depuis quelques semaines, les archéologues creusent des petites tranchées pour voir ce qui se cache sous le bitume. Il s'agit de repérer d'éventuels vestiges et d'en apprécier l'intérêt historique et scientifique avant l'ouverture du chantier de construction de la ligne du tramway de Caen (Calvados).
Un centre de communication pendant l'occupation
La semaine dernière, une pelleteuse est entrée en action sur les pelouses situées devant la préfecture, au cœur de la ville. Le godet a aussitôt buté sur du béton. Pour les archéologues, ce n'était pas franchement une surprise.
"Nous savions qu'il y avait eu là un bunker qui a abrité un centre de communication pendant l'occupation", explique Grégory Schutz, le responsable scientifique de l'opération qui travaille pour le service archéologie du conseil départemental du Calvados.
Mais qui d'autre pouvait soupçonner la présence de ce vestige des années noires, à 50 centimètres sous terre ? Lorsque la tranchée a été ouverte, un long bloc de béton est apparu sur une vingtaine de mètres. Presque intact. Il s'agit du plancher de ce blockhaus.
Un bunker maquillé en immeuble
L'occupant avait en effet construit ce bâtiment en béton armé pour abriter un centre de communication relié au central téléphonique de l'hôtel des postes. Ce bunker avait été maquillé en immeuble avec de fausses fenêtres et des parements en pierre de Caen pour tromper les reconnaissances des avions ennemis.
À la libération, la ville est en ruines. Pendant les travaux de déblaiement, le blockhaus est détruit. Une photo en témoigne sur le site de Cadomus, l'association qui s'emploie à montrer ce qu'était la ville de Caen avant les destructions.
La dalle de béton court sur une vingtaine de mètres. "Le sol est lisse. On voit l'emplacement des murs qui ont été arasés," poursuit Grégory Schutz sans en dire davantage. Les informations recueillies à l'occasion de ce diagnostic vont faire l'objet d'une étude scientifique.
Un diagnostic jusqu'au 12 avril
Sur le même site, les archéologues du conseil départemental sont aussi tombés sur les restes d'un rempart du XVIe siècle et sur les fondations d'une porte monumentale. Pendant quelques jours, ils ont procédé aux observations et au recueil d'informations. La tranchée vient d'être rebouchée et l'endroit a été rendu à la circulation.
Le diagnostic doit se poursuivre jusqu'au 12 avril. Les archéologues ont ensuite un délai de deux mois pour remettre leur rapport. Sur cette base, le service régional de l'archéologie qui dépend de la Drac (Direction Régionale des Affaires Culturelles) peut ensuite "demander la réalisation d’une fouille préventive, afin de permettre une étude scientifique et l’enregistrement du site avant sa destruction par les travaux".