80 millions d'euros, juste pour ramasser les mégots de cigarettes : annonce fumeuse ou réelle avancée ?

Les industriels du tabac vont devoir mettre la main au portefeuille pour financer des opérations de ramassage et de sensibilisation sur la pollution des mégots de cigarettes, premiers pollueurs des océans.

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Les mégots contiennent plus de 4000 substances chimiques, dont le mercure, le plomb, l'arsenic ou encore du plastique. Un seul mégot suffit à polluer 500 litres d'eau et met des dizaines d'années à se décomposer. La raison de cette pollution ? Le comportement des fumeurs qui jettent leur mégots au sol ou sur la plage, finissant inexorablement dans les nappes phréatiques, les cours d'eau, les océans. Un véritable fléau écologique, longtemps à la charge seul des municipalités, qui devient enfin un enjeu national

Création d'un éco-organisme chargé de veiller à l'élimination des mégots de cigarettes

En France il existe une quinzaine de REP, comprenez "responsabilité élargie des producteurs",  qui contraint les entreprises à prendre en charge la fin de vie de leurs productions. Un système de "pollueurs-payeurs" concrétisé dans un éco-organisme. Ce dernier est constitué des représentants des entreprises concernées, dans ce cas l'industrie du tabac sous le nom d'Alcome (25 fabricants de cigarettes, en tout).  

En ce qui concerne le budget investi par les fabricants de cigarettes dans les différentes opérations, un barème a déjà été établi :  

Pour 1000 filtres vendus c’est 20 centimes reversés à l’organisme… Pour cette année on estime un investissement de 10 millions d’euros environ. Le barème établi est progressif, il augmentera chaque année !

Jérôme Duffieux, président d'Alcome

Les 80 millions d’euros annoncés par le gouvernement sont donc une estimation du budget lorsque l’éco organisme fonctionnera à plein régime et avec toutes les communes françaises. Jérôme Duffieux reste lucide "entre création et plénitude il faut 2 ou 3 ans, et nous avons 6 ans pour arriver à 40% de réduction, minimum, des déchets de cigarettes !". Un objectif qu'il compte atteindre avec l'aide des acteurs de terrain. 

Les municipalités et associations déjà engagées dans la chasse aux mégots de cigarettes

"On n'a pas attendu que le gouvernement s'y intéresse pour mener des actions dans notre ville", réagit le maire de Deauville, Philippe Augier. Les villes en bord de mer et touristiques sont particulièrement touchées par le problème. Les mégots sont les premiers déchets retrouvés sur les plages. "Chaque semaine, en période estivale, on organise des opérations de ramassage qui rassemblent des dizaines de bénévoles. "

À Merville Franceville, où différentes initiatives pour enrayer le problème ont été entreprises depuis déjà deux ans, Delphine Méon, adjointe au maire, mise sur la prévention et les messages positifs: "On essaie de le faire sous forme de jeu… on a installé des cendriers sondages dans la ville et ça marche plutôt bien! C'est mieux que la répression. "

Grâce à l’éco-organisme, le coût des installations pourrait être financé par les tabattiers eux mêmes. Mais pour les deux municipalités, le budget alloué au ramassage des mégots et à la sensibilisation reste infime, car souvent entrepris par des bénévoles ou des associations.

Ça me revient à environ 2000 euros pour la convention avec l’association . Ca me coute de l’huile de coude et du temps mais c’est vraiment insignifiant c’est pas une question d’argent mais de volonté! Je pense que les crottes de chien ça coûte beaucoup plus !


Taxation de l'industrie du tabac pour le ramassage des mégots : les effets pervers

En Normandie, l’association Zorro mégots oeuvre depuis plusieurs années pour sensibiliser les fumeurs, ramasser les mégots et les recycler. Pour la directrice, le système de pollueur-payeur peut être à double tranchant : 

Le fait de les faire payer ne va pas les pousser à se remettre en question. Il aurait peut être fallu les obliger à changer la composition même des filtres, prendre le problème à la racine… avec ce système, ils se donnent bonne conscience!


Associé avec l’entreprise “méGO”, basée en Bretagne, l’association mise sur l’Up cycling, ou la valorisation des mégots de cigarettes, plus particulièrement du plastique qu’il contient. 

“Le recyclage ne fait pas partie du cahier des charges du gouvernement et c’est dommage car on peut en faire beaucoup de choses… c’est plus vertueux que de simplement les incinérer", regrette Éléonore Mandel.

Miser sur la sensibilisation auprès des fumeurs pour qu'ils ne jettent plus leurs mégots

Il y a un point sur lequel tous s’accordent, l’importance de la sensibilisation. "C'est une tâche ardue! Chez les jeunes c'est plus simple, ils n'ont pas encore pris de mauvaises habitudes contrairement aux adultes... admet Philippe Augier, maire de Deauville. L'aide apportée par les industriels du tabac va nous permettre, je l'espère, de pouvoir approfondir et péréniser nos actions de sensibilisations. Le but c'est quand même de ne plus avoir du tout de mégots au sol!" 

L’agrément d'Alcome est de 6 ans avec pour objectif une baisse d'un minimum de 40% des mégots en France. Des outils de comptage des mégots sont en cours d'élaboration et devront être validés par le ministère dans six mois. Les municipalités devront prendre directement contact avec l’éco-organisme pour faire part de leur besoin et déposer un dossier. La décision finale reste à la discrétion des industriels du tabac.

 

 

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