Alençon et Lisieux : des vidéos qui font le buzz sur le net

C'est tendance : un peu de musique, beaucoup d'humour, le sens de l'auto dérision, une caméra, et le tour est joué.  Des jeunes d'Alençon et de Lisieux se sont prêtés à l'exercice.  Et ça fait le buzz. Un exutoire, et parfois un vrai CV pour se vendre. Mais la ville d'Alençon le prend mal.

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Il a diffusé sa vidéo sur internet et en quatre jours plus de 20 000 personnes l'avaient dèjà vue. 
" C'est marrant comme ça m'a apporté une petite notoriété à Lisieux. Il y a surtout beaucoup d'enfants qui m'en parlent", raconte David Cordray l'auteur d' "Ici C Lisieux"



Jean-Victor et Régis se connaissent depuis le lycée. Cette idée d'écrire un texte sur notre ville, de le mettre en musique et d'en réaliser le clip ça n'est pas un travail acharné de plusieurs mois. C'est une pulsion, un défi pour rire, une manière de tuer le temps. 
"Lors d'une soirée on a commencé à chanté trois mots, puis tout s'est enchaîné. Une semaine pour écrire, une semaine pour tourner et monter. C'était captivant et très formateur", explique JV&B, l'un des deux compères.



Posté il y a quatre jours sur You tube, leur clip est un vrai succès : déjà plus de 21000 vues ce 5 mai et des centaines de partage sur les réseaux sociaux. Sans compter le flot de commentaires pour ou contre cette chanson.

"LE 61 le département que personne ne connaît. Je me fais trop ch..."

Car c'est là que le bas blesse. Leurs paroles au vitriol n'est pas toujours facile à accepter pour tout le monde. Et évidemment les deux amis n'y sont pas allés de main morte sur la rime. C'est spontané et pas forcément complaisant."LE 61 le département que personne ne connaît. Je me fais trop ch..."

"En même temps on n'a pas voulu critiquer pour critiquer. C'est d'abord un délire. C'est aussi la réalité de notre vie, parfois. Régis vit avec le RSA malgré un bac +3", explique Jean-Victor Beslier, étonné de voir autant de reproches lui tomber dessus.

Alençon rit jaune 


Car si beaucoup "aiment", ou comprennent qu'il s'agit d'humour et d'auto dérision. D'autres, ont, semble t-il, été piqués au vif.
"on a reçu le responsable de l'office du tourisme, des commerçants choqués. Il y a beaucoup de gens à Alençon très contrariés par ce clip. alors que l'on tente de mettre tous les atouts de notre côté pour vendre notre ville, tout s'écroule dans la vidéo", explique le directeur du cabinet du Maire, Alain Gallerand.
"Le taux de chômage a augmenté ces dernières années mais pas autant qu'à Caen. Nous sommes cette année à +2,2 % et Caen à 3,7%", affirme t-il toujours très agacé par cette vidéo diffusée sur la toile. " les juristes de la Ville sont en train d'étudier le recours juridique"

Lisieux sourit

Une colère qui n'a pas du tout éclaté à Lisieux. Le clip qui met pourtant en scène un cycliste déchaîné est pourtant un vrai clin d'oeil au maire : Bernard Aubril est un amoureux de la petite Reine et c'est de notoriété publique. En prime la vidéo a été postée entre les deux tours des élections départementales, moment crucial, en politique. 
" J'ai croisé Bernard Aubril quand il est venu faire du porte à porte dans mon quartier. Il m'a bien accueilli et m'a même dit qu'en politique il fallait avoir l'esprit large. En clair, il en a vu d'autres", raconte le créateur lexovien David Codray.
"C'est vrai qu'il y a des règles. Il ne faut pas être vulgaire ou grossier. On peut se moquer mais pas franchir certaines limites."

Ce qui n'est pas non plus le cas des deux auteurs alençonnais. Les paroles sont, certes, sans concession : "Communauté urbaine tu as capitulé. Une minute de silence, Alençon est décédée..." mais dans leur attitude ou leur texte , il n'y a pas pas de dérapages incontrôlés. 
C'est d'abord drôle et conçu pour faire réagir. 
"On est d'Alençon tous les deux. Et puis on est parti faire nos études à Caen. ON est revenu il y a quelques temps et franchement tout ce qu'on fait c'est de répéter les clichés qu'on entend nous même, depuis longtemps, sur Alençon."

Pour ces jeunes diplômés, sans emplois c'est aussi certainement une façon d'exprimer leurs difficultés : pas de travail, pas de sous, pas de loisirs. 
C'est ça, leur réalité au quotidien.

Un succès qui leur donne espoir

Le positif pour eux c'est l'extraordinaire impact de leur création : "en 20 000 vues sur you tube j'ai déjà reçu 3 propositions de travail depuis le début de la semaine dans le commercial, ma branche. C'est incroyable je cherche du boulot depuis des mois et jamais un cv n'a eu un tel impact", explique Jean-Victor Beslier, 24 ans. 
Son ami DJ Regis qui anime fêtes et mariages rempli lui aussi son agenda pour les prochains week-end. 
Un effet boule de neige qui se vérifie aussi à Lisieux. David Cordray est lui en train de négocier avec la ville la création de jardins ouvrier dans son quartier de Hauteville, à Lisieux ,et de signer, avec le centre de loisir, une activité vidéo pour les enfants, qu'il animera cet été. 

Le reportage de Matthieu Bellinghen et Nicolas Corbard:


Les intervenants du reportage:

- JV&B, Musicien
- Dominique Artois, Adjoint au maire d'Alençon
- DJ Regis


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