C'est une annonce faite la semaine dernière par le Premier ministre qui entre aujourd'hui en service : même si la formule surprend, vous pouvez vous autodéclarer, en un clic, symptomatique du Covid-19 et bénéficier d'un arrêt maladie de sept jours, sans même rencontrer un médecin.
Cet arrêt de travail qu'on s'attribue à soi-même fait grincer bien des dents et fait redouter la fraude. La CPME, Confédération des Petites et moyennes entreprises craint un "absentéisme incontrôlé" et le fait savoir. Il y aura de nombreux contrôles, assure en réponse l'Assurance Maladie.
Un nouveau téléservice est ouvert depuis hier pour les personnes ayant des symptômes évocateurs de la Covid-19 en raison de leur exposition au virus et qui, ne pouvant télétravailler, ont besoin d’un arrêt de travail. https://t.co/m4A0AN6P8M#FIERSDEPROTEGER pic.twitter.com/0PJwMVm0IN
— Assurance Maladie (@ameli_actu) January 11, 2021
Un arrêt de travail, en un clic avant le test
Le but recherché par le gouvernement est bien l'isolement des éventuels malades, dès les premiers symptômes. On connait aujourd'hui les courbes de contagiosité du Coronavirus. Et, sans aucun doute, le malade est très contagieux les premiers jours, ceux des premiers symptômes peu alarmants et du doute. Pris dans le rythme du travail, beaucoup attendent pour aller voir un médecin et s'isolent... trop tard.
Pendant ces deux ou trois jours, d'autres personnes sont contaminées et l'épidémie progresse. Le gouvernement veut donc enrayer cette dynamique, en permettant aux gens de se mettre en pause dès qu'ils ressentent des frissons, un mal de gorge, une difficulté à respirer, une toux, un nez qui coule...
Toute seule, la personne qui présente ces premiers symptômes peut se déclarer sur le site améli.fr, en quelques clics. Un justificatif est à télécharger pour l'envoyer ensuite à l'employeur. Rien à voir avec l'arrêt maladie classique du médecin, c'est une "déclaration automatique de maintien à domicile."
Il n'y a pas de carence comme dans un arrêt "classique". Le travailleur est indemnisé dès le premier jour. C'est aussi valable pour les cas contacts.
Un test à faire dans les 48 heures maximum
Mais les contreparties sont nombreuses et la CPAM compte bien sur ses brigades Covid, en place depuis mai 2020 et son savoir faire en matière de tracing.
En effet, chaque personne positive est contactée par un médecin de la CPAM dans les deux jours, quoi qu'il arrive. Il en sera de même pour celles qui s'autodéclarent et le résultat d'un test est communiqué dans un délai allant, en Normandie, de 12 à 24 heures. Il faudra donc être en mesure de la présenter à la CPAM en 48 heures, maxi.
Il faudra aussi rendre des comptes aux médecins qui vous appelleront pour ne pas déclencher un contrôle automatique, à domicile.
"La CPME ( Confédération des petites et moyennes entreprises) s'inquiète des conséquences éventuelles de cette annonce qui revient à consacrer le caractère automatique de l'arrêt de travail en cas de symptômes supposés et ce, sans aucun contrôle médical, ni test préalable"
L'organisation a demandé au gouvernement de mettre en place "un encadrement évitant les dérives de toutes natures", car selon elle, la mesure dont le Premier ministre Jean Castex a annoncé l'entrée en vigueur le 10 janvier "serait de nature à entraîner une très forte augmentation des arrêts maladie et ouvrirait la porte à un absentéisme incontrôlé risquant de désorganiser les entreprises".
En cas de test positif, l'arrêt maladie se poursuivra et en cas de test négatif, il sera immédiatement interrompu.
S'isoler plus rapidement
"La suppression du jour de carence encouragera les salariés à s'isoler plus rapidement" a expliqué dans un communiqué la ministre du Travail, Elisabeth Borne. Car "la crainte d'une perte financière, surtout pour les personnes les plus précaires", constitue l'un des premiers freins à l'isolement, observe la "Sécu".
"Les médecins ne devront plus établir d'arrêt de travail pour ces patients au risque, sinon, que ces derniers ne se voient appliquer un délai de carence", a précisé l'Assurance maladie, qui "assurera des contrôles réguliers pour éviter toute utilisation abusive de ce nouveau téléservice".