Ce 1er janvier 2016, la Normandie est de nouveau réunifiée. Outre la politique, la nature a également longtemps séparé Haut et Bas-Normands. En Baie-de-Seine, le fleuve séparait deux populations pourtant si proches à vol d'oiseau.
Au Havre quand on est face à l'eau, c'est le grand jeu: chercher à l'horizon la forme rectangulaire du CHU de Caen. Par la mer, les deux villes sont à peine à 50 km. La mer, ce fut longtemps la seule voie de circulation pour relier les deux rives avant que le pont de Normandie soit inauguré en 1995, un projet dont les premières ébauches date du début des années 70. Un peu plus tôt, en juillet 1959, le pont de Tancarville aura déjà contribué à faciliter la circulation de part et d'autre de la Seine.
Mais avant que la voiture s'impose dans le quotidien des Normands des deux rives, c'est le bateau qui régnait en maître. D'un bord de Seine à l'autre on a toujours navigué, rien que pour les besoins de l'agriculture. On dit d'ailleurs que la race normande n'aurait pas pu survivre au risque de consanguinité sans ces échanges. Des échanges qui prenaient leur temps puisqu'il fallait plus de trois heures de voyage pour rallier Honfleur au Havre à la voile. L'arrivée des bateaux à vapeur va considérablement améliorer la situation.
Dés 1840, des lignes transestuaires sont créées. Trouville, qui n'est plus qu'à 35 minutes de la rive d'en face, va devenir en quelques années la plage du Havre. Au début du XXe siècle, les automobiles gagnent en popularité mais elles ont toujours besoin du bateau pour traverser la Seine. C'est la grande époque du bac, des années 30 jusqu'aux années 50. C'est sa faible capacité de transport de véhicules qui causera sa perte.
Reportage d'Alexandra Huctin, Carole Lefrançois, Jonathan Ruelle, Fabrice Uguen et Marc Michel
Intervenants:
- Jean Moisy, auteur du "Bateau du Havre à Trouville" éd.Cahiers du Temps
- Norbert Roussel, ancien matelot du bac de Berville-le Hode
- Jean-Marie Girault, maire de Caen dans les années 70