Après la signature de l'accord sur le Brexit dont le volet sur la pêche fut âprement discuté, le ministère de mer a annoncé "un régime d'autorisations permettant la poursuite des activités de pêche" à partir du 1 er janvier. Les pêcheurs en ont été informés dans la soirée du 31 décembre...
Par précaution, les chalutiers hauturiers de Port-en-Bessin, avaient préféré rentrer avant le nouvel an. Il n'y aura par eu de réveillon en mer cette année. "Je pensais pouvoir y aller la semaine prochaine pour pêcher les encornets qui se déplacent là-bas", expliquait Wilfrid Roberge, le patron du Vauban. Dans le doute, il a préféré rester au chaud, comme beaucoup de ses confrères.
Dans la journée, les comités des pêches bretons avait par exemple fait part de "leur très gros doute quant à un accès aux eaux britanniques" y compris dans les eaux de Jersey et de Guernesey. Certes, le 24 décembre, Londres et Bruxelles ont bien conclu un accord de principe garantissant l'accès aux eaux britanniques, mais il restait à en préciser les conditions.
1500 licences pour aller pêcher dans les eaux britanniques
In extremis, dans la soirée du 31 décembre, le ministère de la mer a annoncé que le Royaume Uni allait délivrer 1500 "licences provisoires" permettant "à des navires de pêche européens de se rendre dans la zone économique exclusive (ZEE) britannique dès vendredi 1er janvier".
En Normandie, le patron du comité des pêches confirme. "C'est acquis. Le but du jeu, c'est de mettre de la fluidté, explique Dimitri Rogoff. C'est pour qu'il n'y ait pas d'arrêt brutal, pour éviter que des bateaux restent le long des quais. Moins il y en aura, moins ce sera conflictuel". Cela étant, tant que les licences n'ont pas effectivement été délivrées, "il est interdit d’aller pêcher dans la ZEE ou les eaux territoriales du R.U", prévient le ministère de la mer.
Accès aux eaux britanniques, exportations de produits de la mer au Royaume-Uni, accompagnement de la filière française... Consultez notre FAQ sur les points essentiels qui s’appliquent au secteur de la pêche maritime au 1er janvier : https://t.co/8MTC76re2p#Brexit pic.twitter.com/DO3C18LJla
— Ministère de la Mer (@MerGouv) December 31, 2020
Pour ce qui concerne les îles anglo-normandes, et la bande des 6-12 milles, les licences seront délivrées "dans les jours qui viennent" aux bateaux qui la fréquentaient déjà. En attendant, "on préfère que les bateaux ne s'y rendent pas, si possible", explique Dimitri Rogoff. L'accès aux eaux de Jersey et Guernesey semble aussi être acquis selon Marc Lefèvre, le président du conseil départemental de la Manche : "Il n’y aura donc pas d’interruption de l’activité comme me l’avait assuré Ian Gorst, Ministre des Affaires étrangères de Jersey".
Faut-il pour autant croire que la vie va reprendre comme avant ? Les pêcheurs normands n'y croient pas une seconde. "Les six premiers mois de l'année seront compliqués, estime Wilfrid Roberge. La cohabitation ne va pas être simple. Qu'est-ce qu'on aura le droit de pêcher, Où pourra-t-on pêcher ?
Les contrôles anglais vont se renforcer. C'est l'impression q'ils nous donnent quad on voit ce qui se passe en mer.
Si l'essentiel a été préservé, l'accord du 24 décembre prévoit quand même que la France renonce à 25 % de ses quotas de pêche dans les eaux britanniques. Une période transitoire est prévue jusqu'en 2026, mais les pêcheurs devront limiter significativement leurs prises dès 2021.
Par ailleurs, les Normands peuvent continuer à pêcher dans la Zone Économique Exlusive du Royaume Uni, mais cela implique une réciprocité. Les gros chalutiers britanniques pourront continuer à venir draguer la coquille Saint-Jacques dans la Baie de Seine dès le mois d'août, pour peu qu'ils restent au au-delà de la bande des 12 milles, sans être tenus d'appliquer les règles que se fixent les pêcheurs normands. La relation de voisinage devrait rester orageuse. Sur ce ce point au moins, rien ne change...