Le Brexit ? Tout commence et pourtant, au 31 janvier 2020, tout continue comme avant. Pour Bruxelles et Londres, il reste à renégocier une masse d'accords qui régiront à partir du 1er janvier 2021 les relations entre l’Europe et le Royaume-Uni. C'est peut-être là que le bât va blesser...
En cette veille de Brexit Guillaume Fleury-Maros semble serein, détendu même…
Ce jeune trentenaire est salarié d’Axéos, une PME de 19 personnes basée à Fleury-sur-Orne dans le Calvados.
Fondée en 2006, Axéos occupe une niche: la visioconférence et toutes les solutions qui vont avec. Jusqu'au sur-mesure...
Guillaume Fleury-Maros est détaché à Londres d’où il prospecte le marché local, mais aussi ceux d’Irlande et d’Europe du Nord.
Je pense que les gens en ont eu un peu marre de ne pas savoir ce qu’il allait se passer, de tourner en rond. Et à présent, quoiqu’il arrive, on se dit qu’on réussira toujours à faire du buisines avec le reste de l’Europe.
Guillaume Fleury-Maros, Axéos
C’est justement par le biais de la visio-conférence, depuis son bureau, que le trentenaire nous livre son sentiment quant au Brexit :« Depuis le courant 2018, l’activité a repris plus sereinement. Et tout au long de 2019, l’année a été très forte. Je pense que les gens en ont eu un peu marre de ne pas savoir ce qu’il allait se passer, de tourner en rond. Et à présent, quoiqu’il arrive, on se dit qu’on réussira toujours à faire du buisines avec le reste de l’Europe, qu’il y a aura toujours des solutions. Ce qui mine, c’est l’incertitude en fait. Mais je crois que nous on n’aura pas trop à s’inquiéter. On aura peut-être des délais plus longs, des taxes plus fortes. Mais ça ne nous empêchera pas de continuer à travailler. »
Guillaume Fleury-Maros, salarié détaché à Londres
Sophia Moussaoui, responsable administrative et ressources humaines
Guillaume Ouinas, CCI Normandie - Team France Export
Anne-Colette Alain, CCI Normandie - Team France Export
Un bel optimisme sans doute justifié par les bons résultats de l’entreprise à l’export : en 2019, les commandes passées au Royaume-Uni ont bondi de +20% annonce Pauline Ledevin (responsable optimisation commerciale chez Axéos), doublant celles avec l’Allemagne pour s’installer en tête des destinations à l’exportation. Et 2020 promet déjà de beaux projets, affirme-t-elle.
Quel statut pour les salariés expatriés ?
En fait chez Axéos, l'interrogation du moment concernant l'après-Brexit, c'est de savoir quel sera le statut le plus adapté pour ce salarié jusqu'alors en simple détachement. Responsable RH, administration et finances de l’entreprise, Sophia Moussaoui envisage désormais d’appliquer à Guillaume le statut de travailleur expatrié.
La réponse à cette interrogation (et à quantité d’autres), c'est auprès de la « Team France Export Normandie » que les entreprises peuvent la trouver...
La Chambre de Commerce de Caen héberge une partie de cette équipe inédite dédiée à l’exportation en général, et au Brexit en particulier. Il s’agit d’une structure conjointe Etat (Buisines France), Région (Agence de Développement de Normandie) et CCI-Normandie.
Un commerce florissant après le Brexit ?
Si le brouillard se disperse un peu cette année confirme en substance Guillaume Ouinas (responsable promotion de l’offre Team France Export) il menace cependant de retomber dans un an. La plupart des entreprises que suit « la Team » (surtout des TPE et PME normandes), observent une certaine prudence s’agissant du commerce avec l’Outre-Manche :
2020 est une période transitoire. L’état d’esprit des entreprises, c’est de dire que si elles sont déjà positionnées au Royaume-Uni, il faut continuer. En revanche, celles qui n’y sont pas encore préfèrent attendre ce qui va sortir en 2021.
Guillaume Ouinas - Team France Export
Quelques bureaux plus loin, sa collègue Anne-Colette Alain (conseillère internationale au sein de la Team France Export Normandie) prône elle aussi, à sa manière, ce discours de prudence qui a cours en ce moment. Une variante du principe de précaution :
« Jusqu’à présent, nous tâchons de préparer au mieux les entreprises à l’hypothèse d’un après-Brexit dur pour ne pas que cela tombe comme un couperet en 2021. Et qu’elles se posent de ce fait les bonnes questions, et anticipent les éventuels mesures et contrôles renforcés s’agissant des douanes, des questions sanitaires, des normes et des certifications, etc… Notamment pour des entreprises qui ne sont pas habituées au grand-export (l’exportation hors CEE) ».
Chez Axéos, le grand-export, on y est rompu justement. L’entreprise de Fleury-sur-Orne réalise 20% de son chiffre d’affaire à l’étranger. En Europe d’abord. Mais aussi aux Etats-Unis ou encore en Inde. Alors la paperasse, on connait… Et si demain, pour continuer de commercer avec la Grande-Bretagne, il faut s’astreindre à de nouvelles démarches administratives, cela ne suscite guère de crainte.
Que deviendra la Livre Sterling ?
En revanche, LA grande incertitude sur l’avenir au-delà de 2021, concerne la Livre Sterling. Si la devise britannique a peu fluctué jusqu’à présent par rapport à l’Euro, une chute sensible et durable aurait nécessairement de lourdes conséquences sur le carnet de commandes en provenance d’une Grande-Bretagne désormais livrée à elle-même.Le devenir de la Livre Sterling, that is the question !
Et sur ce point, aucune assurance possible…
Les performances des entreprises normande à l'export
Pour aller plus loin sur le sujet de la performance des entreprises normandes à l'export, téléchargez le document ci-dessous de la Chambre de Commerce et d'IndustriePerformance des entreprises normandes à l'export
Activité exportatrice des entreprises normandes - CCI Normandie décembre 2018