Brexit : le flegme des Anglais de Sourdeval

Il y a deux ans, le vote pour la sortie de l'Union Européenne a provoqué la stupeur. Depuis, la vie a repris le dessus. Malgré les incertitudes qui pèsent sur leur devenir, les Anglais installés dans le sud de la Manche font preuve d'un détachement on ne peut plus britannique.

L'ancien hôtel-restaurant situé à l'éntrée du bourg était fermé depuis des années. Il y a quelques mois, l'établissement a retrouvé une enseigne -the Corner House- et une couleur -rose- qui ne trompent pas : la nouvelle propriétaire est britannique. Linda est installée en Normandie depuis près de cinq ans. Elle a jeté son dévolu sur cette maison afin d'y aménager des chambres d'hôte. Et elle a choisi d'investir, malgré le Brexit : "C'est un risque. Mais j'avais ce projet en tête avant le référendum. Et le Brexit n'a rien changé à mes plans". Sa citoyenneté européenne lui permet aujourd'hui de gérer son établissement, de vivre ici, d'avoir accès à la sécurité sociale, comme n'importe lequel de ses voisins de Sourdeval. Mais qu'en sera-t-il demain ?


Keep calm, and carry on !


Quand le Brexit a été voté au printemps 2016, un petit vent d'inquiétude a parcouru la communauté de quelques centaines de Britanniques installée dans ce coin de Normandie. Et puis la routine du quotidien a repris le dessus. "Certains sont rentrés en Angletrre pour diverses raisons. D'autres continuent à arriver. Et on a toujours du travail au magasin, raconte Jayne, employée à l'english shop. En fait, rien n'a vraiment changé". Les Anglais mettraient même un point d'honneur à ne surtout pas se laisser destabiliser par les incertitudes que fait peser ce fichu Brexit. "Keep calm and carry on, c'est la devise de la nation, sourit Charles un étudiant en école de commerce arrivé à Sourdeval à l'âge de onze ans. Les négociations patinent. Tout est flou. Mais rien n'est décidé. On sera inquiet quand on aura des raisons de l'être".


Reportage de Pierre-Marie Puaud et Gwenaëlle Louis. Montage de Fabrice Lefeuvre.



Au fond d'eux-mêmes, certains se font bien un peu de mauvais sang. Mais le temps passé aura au moins permis de réfléchir au lendemain. Et personne ne se voit vraiment retourner vivre outre-Manche. "Je regarde mon propre pays comme une étrangère, déplore Linda. Je ne comprends ce repli sur soi. Nos enfants ont eu la liberté de voyager, d'étudier à l'étranger. J'ai aujourd'hui l'impression que nous allons revenir en arrière". Et quoiqu'il advienne désormais, elle entend bien contiunuer à vivre et à travailler en Normandie : "je veux rester dans l'Union européenne".

"St Hilaire du Harcouët could replace the city of London and the place to be"

Comment bien commencer sa journée ? En riant ! Et en écoutant le normand François Morel qui aime sa Normandie et le fait savoir. Dans sa chronique matinale, il fait sa "declaration to Great Britain" et imagine que St Hilaire du Harcouët pourrait remplacer la "City de London".



À deux pas, le Zebra-café a aussi changé de tenancier. L'année dernière, l'ancienne propriétaire sud-africaine a cédé son affaire à des Anglais. Martyn est en cuisine. Sa fille Olivia est en salle. Mais ils parlent d'une même voix : "Le Brexit, ça ne nous intéresse pas. Cela fait quinze ans qu'on habite en France. Notre vie est ici maintenant. Et si un jour on nous demande de choisir, on demandera la nationalité française afin de pouvoir rester".


Nos chers voisins anglais ! - France 3 Normandie

Pour cette première émission de la saison, nous avons décidé de traverser la Manche afin de croiser les regards normands et anglais sur les liens qui nous unissent. Nous vous emmenons à Portsmouth, une ville industrielle de la côte britannique, jumelée avec Caen, qui tisse une relation privilégiée avec notre région.



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