Il s'agit des premières propositions européennes pour "adoucir" le "no deal" qui s'annonce plus que jamais inévitable. La pêche reste le frein majeur à toute avancée côté anglais, l'Europe leur demande un sursis d'un an, et six mois de gel pour le routier et l'aérien.
Le Brexit avec "no deal" qui se profile, inéxorablement, tombe mal pour des économies déjà fragilisées par la crise sanitaire. Alors que les négociations sont en train d'échouer et qu'il faut s'attendre, selon Boris Johnson, à ne pas trouver d'accord d'ici dimanche, date limite fixée par les deux parties, l'heure est aux contre-propositions pour atténuer les bouleversements au 31 décembre :
Lisser le changement dans le temps semble être, aujourd'hui, la priorité recherchée.
"Les discussions se poursuivent à Bruxelles aujourd'hui. Pendant ce temps, la Commission européenne
se prépare à toutes les éventualités", tweetait ce jeudi soir, 10 décembre 2020, Michel Barnier.
Talks continuing in Brussels today with @DavidGHFrost and team. Meanwhile, the @EU_Commission is preparing for all eventualities. https://t.co/xtaGvqjv50
— Michel Barnier (@MichelBarnier) December 10, 2020
Rien ne changerait pour l'aérien et le routier jusqu'à l'été ?
Sans attendre, Ursula von der Leyen a présenté des mesures d'urgence applicables au 1er janvier en cas de "no deal". Elles visent à maintenir une connectivité dans le transport routier et aérien pendant six mois, à condition que Londres fasse de même.
Pêche : conserver l'accès aux eaux jusqu'en décembre 2021?
Elle demande avec une garantie d'accès réciproque aux eaux des deux parties pour les bateaux de pêche jusqu'au 31 décembre 2021.
"Rien ne garantit que, lorsqu'un accord aura été trouvé, il puisse entrer en vigueur à temps. Il nous incombe d'être préparés à toutes les éventualités", a expliqué la présidente de la Commission.
Downing Street a promis d'"examiner de très près les détails" du plan européen mais s'est montré particulièrement réservé au sujet de la pêche, rappelant que Londres avait l'intention de reprendre "le contrôle" de ses eaux au 1er janvier.
Ces mesures étaient réclamées de longue date par certains Etats membres, de plus en plus préoccupés par la perspective d'un échec des négociations, mais la Commission se refusait jusqu'alors à les présenter afin de ne pas entraver les pourparlers.
Le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney a assuré croire que Boris Johnson souhaitait arriver à un accord. Un "no deal" constituerait donc "un énorme échec polique" et serait "énormément coûteux et destructeur", a-t-il estimé sur le média public RTE.
Début de pénurie en Angleterre
Côté britannique, les effets concrets du bouleversement majeur qui s'annonce le 31 décembre, après presque un demi-siècle dans le club européen, se font déjà sentir.
Les ports de marchandises sont débordés en préparation du grand saut, provoquant des difficultés d'approvisionnement pour certains produits comme les jouets ou les pièces automobiles.
Le Premier ministre Boris Johnson a fait monter la pression jeudi en déclarant qu'il existait une "forte possibilité" que les négociations avec l'Union européenne sur leur future relation commerciale échouent, à l'heure où Londres et Bruxelles intensifient leurs préparatifs.
Sur la BBC, le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a jugé que pour parvenir à un accord, l'Union européenne devait "bouger significativement" sur les questions de l'accès aux zones de pêche et des garanties
exigées de Londres par l'UE en matière de concurrence en échange d'un accès sans droits de douanes ni quotas à son marché.
Le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier, quittera définitivement le marché unique et l'union douanière le 31 décembre.
Il commercera alors de manière indépendante, et a ainsi passé des accords aveccertains pays comme le Japon, le Kenya et jeudi matin Singapour, plateforme financière et commerciale majeure, cruciale en Asie.
Sans accord, les règles de l'OMC s'appliqueront
Sauf rebondissement majeur d'ici à dimanche, échéance fixée par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre britannique Boris Johnson, les échanges de part et d'autre de la Manche risquent de se faire selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane et de quotas.
En déplacement à Blyth, dans le Nord de l'Angleterre, Boris Johnson a jugé vendredi "très très probable" l'échec des négociations post-Brexit, qui se poursuivent néanmoins.