Fortement ébranlée par le confinement puis la quatorzaine imposée par nos voisins britanniques, la compagnie bretonne réduit la voilure. A Cherbourg et au Havre, il ne sera plus possible d'embarquer pour Portsmouth à partir du 7 septembre.
"Vers de nouveaux horizons" lance la page d'accueil de la Brittanny Ferries aux visiteurs, les invitant à "réserver maintenant" pour 2021. Mais pour ce qui est de 2020, l'horizon est plutôt bouché. La compagnie bretonne vient d'annoncer par la voix de son directeur général, Christophe Mathieu, l'immobilisation de plusieurs de ses navires et, en conséquence, l'interruption de certaines liaisons pour la période de septembre à octobre. En Normandie, c'est Cherbourg et Le Havre qui vont pâtir de ces mesures d'économie.
La Brittany Ferries a subit de plein fouet le confinement. Dès la fin du mois de mars, une perte de chiffre d'affaire de 25 millions d'euros était déjà anticipée pour la fin avril. Le chiffre est désormais estimé à 250 millions d'euros par son président, Jean-Marc Roué. La quatorzaine imposée par nos voisins britanniques a considérablement freiné la reprise de l'activité. "Nous espérions transporter 350 000 passagers, soit moitié moins qu’en saison estivale normale. (...) nous avons finalement transporté moins de 200 000 passagers", indique Christophe Mathieu sur le site internet de la compagnie. Et de rappeler que "le trafic passager représente 75% de nos revenus".
Arrêt le 7 septembre
Dès la mi-août, l'entreprise, basée à Roscoff, annonçait la réduction de ses traversées entre la France et l'Angleterre et la mise en place de mesures de chômage partiel. Le désarmement du navire Bretagne, effectuant la liaison Protsmouth - Saint-Malo était ainsi programmé pour le 7 septembre. C'est à cette même date que le Connemara sera mis à l'arrêt. Conséquence: les lignes Cherbourg-Portsmouth et Le Havre-Portsmouth seront "fermées". La compagnie ne donne aucune précision sur la durée de cette mesure. Elle précise toutefois que la ligne Ouistreham - Portsmouth, sa ligne la plus fréquentée, ne sera pas impactée, "en septembre et octobre".Ces mesures visent à réduire les coûts d'exploitation et "assurer la survie de la compagnie à long terme". La Brittany Ferries a déjà obtenu un prêt de 117 millions d'euros et lancé un plan de "relance" sur cinq ans. Comme le rappellent nos collègues de France 3 Bretagne, les Régions Bretagne et Normandie et les départements de ces deux régions, qui sont actionnaires de la compagnie maritime finistérienne, devraient apporter une aide à hauteur de quinze millions d'euros.
Mais au coeur de l'été, Jean-Marc Roué, le président du groupe, lançait un appel à l'aide de l'Etat, réclamant notamment un abattement de charges. Et prédisait "un deuxième séisme économique avec le Brexit au 1er janvier 2021". Cet appel a été entendu par plusieurs parlementaires bretons qui s'en font le relais auprès du gouvernement. Ce dernier "ira jusqu'au bout de tout ce qui est possible tant au niveau européen que français pour la filière du transport maritime", assure à nos collèges de France 3 Bretagne Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale.