Cabanes de plage sur la côte normande, comment devenir propriétaire ?

Entre fantasme et réalité, comment jouir d’une cabane de plage en Normandie, et à quel prix ?

De Gouville-sur-Mer au Tréport, en passant par le Havre ou Ouistreham, des centaines de cabanes de plages - ou cabines selon la région - fleurissent sur les plages de Normandie à la belle saison, et plus si affinités. Charmant lieu convivial, où les propriétaires aiment à se réunir pour partager un pique-nique, se changer avant un bain de mer et ranger leurs jeux de plage ou autre matériel de pêche à pied.  Des cabanes jalousement gardées par leurs propriétaires, parfois depuis plusieurs générations. Alors, sans piston, comment accéder à la propriété ?

Propriétaire de la cabane, pas de l’emplacement

Au Havre, historiquement, les cabanes de plage sont transmises au sein d’une même famille ou vendues à des connaissances, "ça dure depuis 70 ans", précise Pierre Bénard, porte-parole des cabanistes havrais, "les gens vendaient leur cabane à une connaissance, la personne prenait la cabane et l’emplacement, c’était bien", confie-t-il.

Mais ça, c’était avant. Depuis cet été 2024, la Mairie du Havre a décidé de reprendre ses droits et d’inscrire noir sur blanc dans une nouvelle convention l’interdiction de vendre l’emplacement. "Ça a toujours été le cas, ça n’a jamais été autorisé", précise Florent Saint-Martin, conseillé municipal chargé du littoral, "seulement maintenant, c'est écrit".

En effet, l’emplacement fait partie du domaine public, il est donc incessible. La Mairie le martèle, "les propriétaires de cabanes n’ont ainsi pas le droit, et ne l’ont jamais eu, de vendre un emplacement". Après avoir acheté leur cabane, autour de 3 000€, les propriétaires s’acquittent d’une redevance d’occupation des sols. Au Havre, en 2024 les tarifs pour l'année démarrent à 331€ pour atteindre 427€ face à la mer.

Principe d’égalité des chances

Une nouvelle convention difficile à accepter pour les 842 propriétaires havrais. "Qui va acheter une cabane s’il n’y a pas d’emplacement ?", se désole Pierre Bénard. Cette convention 2024 est une bonne nouvelle pour ceux qui attendent depuis plusieurs années, inscrits sur une liste aux Bains Maritimes.

L’enjeu pour la Ville du Havre est que toute personne qui souhaite accéder à un emplacement pour sa cabane puisse le faire. "Aujourd’hui, il y a une soixante de personnes sur liste d’attente, et un peu plus de la moitié souhaite un emplacement face à la mer et on le comprend bien", souligne le conseiller municipal havrais en charge du littoral.

La Mairie du Havre pointe des problèmes de surenchère, "nous, on n’a pas envie que ce soit au plus offrant, mais que ce soit fait dans la plus grande égalité et la plus grande transparence", précise Florent Saint-Martin.

« On veut que ça appartienne à des gens qui les font vivre »

À Gouville-sur-Mer dans la Manche, 2024 sonne aussi le changement. Désormais, les célèbres cabines ne peuvent plus être vendues sans en informer la Mairie. "Ce qu’on veut, c'est que ça appartienne à des gens qui les font vivre", explique Valérie Laisney, première adjointe au maire de Gouville-sur-Mer, "pas voir des futurs propriétaires qui viendraient de région parisienne une semaine par an".

Depuis 1959, la municipalité réglemente cette occupation du domaine public. Les maisonnettes dépourvues d’électricité mesurent 2,40 m par 3 m et il est interdit d’y dormir ou d’y faire du feu. Ces 70 cabines restent en place toute l’année, été comme hiver et subissent les intempéries. Elles doivent donc être entretenues avec soin, régulièrement repeintes en blanc avec un toit de couleur vive "marron et kaki à proscrire", précise Valérie Laisney.

Les cabines sont incessibles, comme c’est souvent le cas ailleurs, à l’exception d’une reprise familiale du premier degré.

Des locations à l’année ou pour l’été

Les touristes, ou simples curieux de découvrir la tradition normande, peuvent louer une cabane pour deux jours, un week-end ou à la semaine au Havre. À la rédaction de cet article, il restait encore des disponibilités jusqu’à la mi-septembre.

Au Tréport, les cabines se louent pour la saison complète, les locaux sont privilégiés avec un forfait allant de 467€ et 668€ à la saison en fonction de la taille de la cabine. Depuis cet été 2024, c’est beaucoup plus cher pour les habitants hors commune. Compter entre 701,50€ et 1002€ pour une location du 1^er mai au 30 septembre.

Pour cette station balnéaire à la frontière de la Picardie, il faudra tenter sa chance l'année prochaine, les réservations affichent complètes depuis déjà plusieurs semaines...