La violence n’a pas épargné la ville de Caen. Il y a 226 ans jour pour jour ... le 12 août 1789 : Henri de Belzunce est massacré et dépecé par la foule. Ce fut l’un des pires crimes de la Révolution. Une histoire peu connue.
- Contexte historique : La famine
Depuis plusieurs mois la Révolution française est en marche. Le 17 juin 1789, les députés du tiers-état se proclament Assemblée nationale. Le 14 juillet, la prise de la prison de la Bastille symbolise la fin de l’arbitrage royal.
Parmi les raisons du déclenchement de la Révolution, les historiens ont mis en avant la météo exécrable de l’année écoulée. Sécheresse, pluies, grêle et un hiver particulièrement froid ont provoqué une forte hausse du prix du blé. La famine est là.
Caen et sa région ne sont pas épargnées par ce fléau. Les autorités locales décident d’encadrer la distribution des vivres pour, prétendent-elles, une redistribution équitable.
- Pourquoi le vicomte Henri de Belzunce a-t-il été dépecé ?
Le château de Guillaume sert d’entrepôt. Le transport du blé pendant la récolte est surveillé et protégé par un détachement du régiment Bourbon infanterie. Même s’il n’en est que le second, c’est un jeune homme de 24 ans qui commande : le vicomte Henri de Belzunce. Il est arrogant comme le sont beaucoup de ces officiers issus de l’aristocratie. A deux reprises ses supérieurs l’ont changé d’affectations pour des comportements violents envers les populations mais aussi avec ses hommes.
La population caennaise affamée critique de plus en plus cette politique de rationnement. Elle est surtout convaincue que la redistribution n’est pas équitable et qu’elle profite à la noblesse et la bourgeoisie. Début août, elle manifeste son mécontentement en ville. Pour calmer les esprits, les autorités décident de destituer Henri de Belzunce que les Caennais détestent. Le 12 août, jour de sa destitution officielle, la foule se présente devant le château. Le jeune officier, ne percevant pas l’ampleur de la révolte, sort de l’édifice et nargue les manifestants.
Un garde national lui tire une balle dans la tête. La situation bascule dans l’horreur : le corps est traîné et piétiné par la foule. Là, il est dépecé et en parti dévoré.
- Henri de Belzunce et Charlotte Corday étaient-ils amants ?
Au même moment Charlotte Corday se trouve dans l’Abbaye aux Dames. Elle n’a pas assisté à l’un des pires crimes de la Révolution. La jeune fille, née à Saint-Saturnin-des-Ligneries près de Vimoutiers, est issue d’une famille noble désargentée. Elle adhère, contrairement à sa famille, aux idéaux de la Révolution.Mais au fur et à mesure, son regard évolue. Michel Onfray, dans son ouvrage La religion du poignard aux Éditions Galilé, raconte qu'elle est outrée par toutes ces violences. Deux camps révolutionnaires s’opposent : les Girondins dont elle est proche et qui sont modérés, et les Montagnards constitués de Danton, Robespierre et Marat qui sont radicaux et extrémistes. Marat, dans son journal « l’ami du peuple » lance continuellement des appels aux meurtres. Il devient la figure de la Terreur. Charlotte Corday ne voit en lui qu’un être sanguinaire.
Le 13 juillet 1793 celle qui descend en ligne droite de Pierre Corneille, l’auteur du Cid, poignarde mortellement Marat.
Cinq années séparent les deux affaires et pourtant des partisans de Marat ont voulu les relier : Henri de Belzune et Charlotte Corday étaient fiancés selon eux. Charlotte aurait tué Marat pour venger le meurtre d’Henri. C’est faux. La rumeur n’a pas survécu au siècle. Une autopsie pratiquée sur la jeune femme a révélé qu’elle était vierge.