Les négociations d'un plan de sauvegarde pour l'emploi ont débuté le 4 octobre dernier chez Inteva Products à Esson. Pour la direction, le site a un avenir mais doit s'adapter. Les représentants des salariés, eux, ont en tête le triste destin d'Honeywell, tout proche.
Les représentants des salariés ont été officiellement informés du projet de réorganisation du groupe Inteva Products France le 26 septembre dernier. Pour faire face à "un marché tendu très tendu au niveau des prix de vente", l'accessoiriste automobile, dont l'actionnaire est américain, a choisi de renforcer la spécialisation de ses sites pour "revenir plus compétitif dans le futur". A Esson, près de Thury-Harcourt, cette nouvelle stratégie induirait la suppression de 51 emplois sur 284. A Sully-sur-Loire, dans le Loiret, une dizaine de postes pourraient disparaître. La procédure du Plan de sauvegarde pour l'emploi a été lancée le 4 octobre dernier.
Reportage de Rémi Mauger et Carole Lefrançois
"Les réunions se passent bien, on est en pleine phase de dialogue", affirme Emmanuel Terrier, le directeur usine Inteva Products. "Il faut que les salariés puissent partir dignement, avec une certaine somme d'argent, des plans de formation qui tiennent la route, des budgets suffisants pour permettre aux gens qui voudraient créer une entreprise d'investir dans du matériel. aujourd'hui, on ne s'y retrouve pas. Avec des budgets aussi faibles, on ne s'en sortira pas", conteste Julien Van Dick, de la CGT.
"Le site est en pleine croissance"
Si autour de la table, les parties en présence ne partagent pas le même pointe de vue quant à l'avancée des négociations, il en va de même au sujet de l'avenir même du site. La direction d'Inteva Products rappelle, pour justifie son plan, que "le groupe France a accusé une perte de 105 millions d'euros sur les trois dernières années" et que l'atelier d'Esson "était au chômage 8 à 10 jours par mois depuis les 4-5 dernières années." Mais pour autant, elle se montre optimiste. "Actuellement, 6 à 7 millions de moteurs sont produits par an", explique Emmanuel Terrier, "D'ici 2020-2021, on envisage 8,5 à 9 millions de moteurs. Le site est en pleine croissance d'un point du volume et du chiffre d'affaire."Paul Chandelier, président de la communauté de communes Cingal-Suisse normande, entrevoit lui aussi un avenir radieux. "L'essentiel, c'est le pôle de recherche, les 13 millions d'euros qui vont être investis sur el site avec le soutien de la Région. Il y a un confortement de l'entreprise qui est un joyau mondial. et ce joyau, il est chez nous", s'enorgueillit l'élu local, qui réaffirme sa "confiance absolue en la direction pour trouver les bonnes solutions, les moins douloureuses."
Le spectre de Condé-sur-Noireau
Chez les représentants des salariés, on est bien moins euphorique; "On n'est pas très confiant sur l'avenir d'Inteva Products France dans les années à venir. On a déjà revendu une partie des "bijoux de famille" et on pense que le reste va suivre", indique Patrick Ygé, secrétaire général de l’union locale (UL) CGT de Condé-en-Normandie. Pour Julien Van Dick, ce plan de réorganisation accompagné d'un PSE "peut être une façon de dire: on remet les usines propres pour les revendre après. Comme ça le repreneur n'a pas de plan social à faire, les investissements sont faits, les lignes sont là. Après, soit il rachète le carnet de commandes et revend les parties qui vont lui rapporter de l'argent, soit ils décident de travailler sur le site et d'y remettre de l'argent." Les représentants syndicaux ne peuvent s'empêcher de penser à l'exemple d'Honeywell, fermé cinq ans plus tôt dans la commune voisine de Condé-sur-Noireau. "Sur la Suisse normande, c'est quelque chose qui est resté ancré dans les têtes", raconte Patrick Ygé, "Il y avait 300 salariés à Honeywell. Aujourd'hui, sur les 300, il n'y en a que 93 qui ont retrouvé un CDI."
Les négociations du Plan de sauvegarde emploi doivent se poursuivre jusqu'au 18 septembre.