À l'approche des moissons, des drones et des cages pour éviter le massacre des bébés busards

La saison de fauche et de moisson approche et les engins agricoles constituent un réel danger pour les populations de busards. Ces rapaces protégés installent leurs nids à même le sol. Pour éviter des massacres, le groupe ornithologique normand repère les nids et les signale aux agriculteurs. Des mesures qui ont fait leur preuve.

Le busard, c'est ce rapace de quelques centaines de grammes et d'un mètre d'envergure en moyenne qui chasse les petits rongeurs au ras des cultures céréalières. Les champs de blé, de lin ou les marais sont devenus son habitat, pas vraiment naturel, mais disons que le rapace s'est adapté faute de mieux. 

Des oiseaux qui s'adaptent aux plaines et milieux marécageux locaux. Pas de quoi s'inquiéter a priori, si ce n'est que les busards installent leurs nids au sol, dans des champs voués à la moisson. Le passage des engins agricoles compromet inéluctablement l'espérance de vie des oisillons. 

Des oisillons protégés contre les moissonneuses

Mais dans ce combat de David contre Goliath, l'élément important, c'est que le busard jouit d'une armure : il est classé parmi les espèces protégées. 

Alors le groupe ornithologique normand (GON) organise sur le terrain sa protection. James Jean-Baptiste, Jean-Marc Savigny et des bénévoles repèrent les nids. "On repère les couples et leurs sites de nidification dans les parcelles agricoles en observant le comportement des oiseaux; c'est le mâle qui ravitaille la femelle en apportant des proies. Parfois on use du drone pour s'assurer qu'il y a bien un nid. Ensuite, on  prévient le propriétaire de la parcelle et la Direction des territoires et de la mer (DDTM) de la présence d'un oiseau protégé. On finit par installer des piquets autour du nid, afin de matérialiser la zone au moment de la récolte" explique l'ornithologue.

Une cage d'un mètre carré assure aussi une protection contre les renards et autres prédateurs. C'est un travail de fourmi qui finit par payer.

Des mesures efficaces pour protéger les rapaces

La protection des nids a un impact réel sur la population des oiseaux protégés. Les busards Saint Martin avaient quasiment disparu des radars normands dans les années 60. L'Atlas des oiseaux de Normandie relève 250 à 350 couples en 2019. La population de busards cendrés s'est elle aussi redressée, même si elle demeure fragile : les chiffres passent de 10 couples environ en 1985 à 20 couples en 2019. 

Repérer les nids pour donner aux oisillons plus de chances de survie est donc un premier levier d'action. Un second levier, plus coercitif, a été imposé aux propriétaires des parcelles depuis 7 ans. 

Des pénalités financières en cas de destruction des nids

La préfecture de la Seine Maritime précise sur son site qu'une "rencontre terrain, en présence de l’exploitant, de la DDTM et d’un ornithologue, permet d’échanger et de mettre en place les aménagements les plus adaptés à la situation. Le non-respect de ces mesures peut entraîner des pénalités sur les aides PAC perçues par l’exploitant ".

Ces pénalités sont détaillées sur le site Agrinfo de la Vienne: "une non­-conformité « non intentionnelle » entraîne une réduction des aides de 1 à 7 % selon sa nature [...] Une non-­conformité qualifiée « d’intentionnelle » entraîne une réduction des aides d’au moins 20 % et de 100 % si elle est répétée. Un refus de contrôle occasionne une réduction de la totalité des aides".

James Jean-Bapstiste du GON précise qu'un exploitant qui détruit le nid d'une espèce protégée encourt jusqu'à 150 000 euros d'amende et 3 ans d'emprisonnement, mais pas besoin d'en arriver là. L'ornithologue explique  que "les agriculteurs dans la plaine de Caen jouent vraiment le jeu, tout le monde est gagnant puisque les busards chassent les rongeurs qui détruisent une partie des cultures. Les agriculteurs jouent leur rôle de défenseur de la biodiversité, et nous, ornithologues, on est satisfait aussi". 

L'an dernier, la préfecture de l'Eure se réjouissait sur son site de la protection de 15 nids avant les moissons. Autant de jeunes épargnés. Il leur reste à trouver des habitats qui puissent leur convenir et de quoi se nourrir, si possible, de petits rongeurs non contaminés par des raticides et autres poisons.

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