La cohabitation entre les agriculteurs et les urbains venus s'installer aux champs n'est pas toujours simple. "La campagne vous accueille, soutenez-là" répondent la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Chambre d'Agriculture du Calvados.
La pétition plaide pour "un maintien des fermes à la campagne" : la revendication peut sembler incongrue tant il semble logique qu'une exploitation agricole soit implantée en milieu rural. Mais aujourd'hui, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs assurent ne plus se sentir plus tout à fait chez eux à la campagne. "Tout est parti de quelques plaintes qui ont fini au tribunal, explique Patrice Lepainteur. Il y a sans doute d'autres moyens plus intelligents de résoudre un différend, poursuit le patron de la FDSEA du Calvados. Essayons au moins de nous comprendre".Le bruit et l'odeur...
Le sujet n'est pas tabou, mais il est souvent évoqué avec un peu de gène. Combien d'agriculteurs ont vu les ennuis arriver avec la construction de quelques pavillons à proximité de leur exploitation ? Au bout de quelques temps, il n'est pas rare que des voisins se plaignent "du bruit" et "des odeurs". "Souvent, ces néo-ruraux partent le matin, ils rentrent le soir, et on ne se voit quasiment jamais : cela entretient la méfiance." Parfois, la gène occasionnée par l'activité agricole dégénère en conflit de voisinage.Pesticides et bouillie bordelaise
Le va-et-vient des machines, les effluves émanant des troupeaux et des bâtiments d'élevage, la terre laissée par les tracteurs sur les petites routes pendant l'ensilage : les urbains venus s'installer à la campagne déchantent parfois en découvrant qu'ils devront composer avec les nuisances générées par l'agriculture. "Et puis il y a les pulvérisateurs ! s'étrangle Patrice Lepainteur. C'est un appareil destiné à protéger les plantes d'un certain nombre d'assauts. C'est un peu comme le jardinier qui met de la bouillie bordelaise. Mais comme ils ne savent pas ce qu'on pulvérise, ils parlent de pesticides. En fait ce sont des produits de protection, tente-t-il de convaincre. Et de conclure : "Le mot pesticide, c'est comme si on diffusait la peste. Nous, on parle de produit de protection. Le pesticide, c'est le langage du citoyen qui ne cherche pas à savoir ce qu'il y a dans le pulvérisateur"."Dans mon canton, on maintient le comice agricole, explique le patron de la FDSEA. En général, les neo-ruraux y participent. C'est un bon moyen d'expliquer notre travail, espère-t-il. Tous les agriculteurs ne sont pas exempts de reproche. D'un autre côté, j'ai connu le risque de désertification des campagnes : les néo-ruraux évitent aussi que se vident nos bourgs. Les écoles, les commerces vivent grâce aux néo-ruraux. Il faut qu'on ait davantage de liens et de communication. Il faut apprendre à vivre ensemble".
Reportage de Franck Bodereau et Charles Bézard
Intervenants:
- Jacques Leroy, "Rurbain" depuis 2 mois
- Patrice Lepainteur, président FDSEA Calvados
- Philippe Marie, agriculteur depuis 2004
- Michel Legrand, président de la chambre d'agriculture du Calvados
La cohabitation entre les agriculteurs et les urbains venus s'installer aux champs n'est pas toujours simple. "La campagne vous accueille, soutenez-là" répondent la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Chambre d'Agriculture du Calvados.