Des analyses effectuées au large de Grandcamp-Maisy et Géfosse-Fontenay ont révélé la présence du virus de l'hépatite A dans des coquillages du secteur. En conséquence, la préfecture interdit avec effet immédiat toute collecte sur place, et déconseille fortement la consommation de coquillages provenant de la zone.
Une telle contamination ne s'était plus produite depuis près de 18 ans. Les services sanitaires de l'Etat viennent de détecter la présence du virus de l'hépatite A dans des coquillages prélevés dans le secteur de Grandcamp-Maisy. "On est sur un phénomène inédit. Le dernier épisode en date remonte à 2007"; indique Thierry Chatelain, directeur de la DDTM.
16 cas humains détectés
En conséquence, la préfecture du Calvados interdit sans délai le prélèvement de spécimens dans la zone concernée, ainsi que leur vente pendant deux semaines, jusqu'au 8 juin. Il est aussi vivement déconseillé aux pêcheurs amateurs de ramasser des coquillages, et de les consommer.
On a 16 cas humains portés à la connaissance des autorités sanitaires. Un suivi épidémique national est mis en oeuvre. Six cas confirmés sont rattachables à une source commune de l'hépatite A, qui est retrouvée dans la zone de Grandcamp-Maisy.
Sébastien Delécluse, directeur général adjoint de l'ARS Normandie
Pour tracer l'origine de la contamination, un suivi des eaux usées en entrées et sorties de trois stations d'épuration a été mis en place. "On a trouvé des traces du virus de l'hépatite A. On a mis en place un suivi renforcé de la zone de production des coquillages", explique Raphaël Fayaz-Tour, directeur de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP).
Le ramassage de tous les coquillages de la zone est interdit, les produits commercialisés doivent être retirés de la vente. Les autorités préfectorales précisent qu'il n'y a "pas un problème d'huîtres, mais de contamination du milieu par l'hépatite A, ce qui pose à nouveau la question du rejet des eaux usées en mer".
L'hépatite A, un simple virus
L’hépatite A est l’hépatite virale la plus répandue au monde avec des risques de transmission variables selon les conditions sanitaires des pays. Son virus provoque une infection du foie, avec des lésions qui sont temporaires.
Pour les personnes symptomatiques, l’infection se manifeste par un syndrome pseudo-grippal, avec de la fièvre, de la fatigue, des nausées, des vomissements et douleurs abdominales. Les personnes malades peuvent également présenter un ictère, une coloration jaunâtre de la peau et des muqueuses.
Sébastien Delécluse, directeur général adjoint de l'ARS Normandie
La période d'incubation est de quatre à six semaines. Cette maladie guérit seule, sans traitement particulier, ses lésions disparaissent à la guérison de l’infection.
Contrairement aux formes B et C de l'hépatite, la maladie ne devient jamais chronique. L'hépatite A est immunisante, ce qui signifie que lorsqu'on l'a contractée une fois, on ne peut plus la déclarer à nouveau. Lorsqu'une personne est infectée, elle doit absolument le déclarer.
Nouveau coup dur pour les professionnels
Cette annonce d'une contamination est un nouveau coup de massue pour les professionnels de la pêche. Cet hiver, ils avaient déjà été fortement touchés par le virus de la gastro-entérite (norovirus). À quelques jours du Nouvel An, la préfecture du Calvados avait pris un arrêté pour interdire la vente des coquillages provenant de deux des trois parcs du Calvados, à cause de plusieurs cas de toxi-infections alimentaires.
On est abasourdi, nous sommes les victimes. On nous a pollué. Les professionnels ont déjà du mal à se redresser de la précédente crise du norovirus. La production n'est repartie qu'à 50 % depuis le mois de janvier. On attend toujours les aides promises par l'Etat cet hiver.
Thierry Hélie, président du comité régional de la conchyliculture
Le comité régional de la conchyliculture n'entend pas porter plainte pour l'instant, mais demande que "des travaux d'ampleur soient réalisés sur les stations d'épuration du secteur". Au-delà de cette nouvelle affaire de contamination préjudiciable pour les ventes, les professionnels des coquillages craignent une publicité néfaste et à terme un rejet des consommateurs vis-à-vis de leurs produits.
Les parcs de Grandcamp-Maisy, Gefosse-Fontenay avaient déjà été temporairement interdits de vente. La zone renferme 20% de la production normande d'huîtres, une quarantaine d'entreprises, et environ 300 salariés.