Un homme et sa soeur comparaissaient devant la cour d'assises du Calvados pour avoir administré des somnifères à leur mère en 2017 à Bayeux afin de l'aider à mourir. Jugés pour tentative d'assassinat, ils ont été acquittés. La cour et le jury estiment qu'ils ont agi sous contrainte morale.
"Je suis agréablement surpris de la décision des jurés. Un acquittement, je ne m'y attendais pas du tout. Ça me libère d'un poids" déclarait Stéphane*, ému, quelques minutes après la décision de la cour d'assises du Calvados.
L'homme de 48 ans et sa soeur Valérie*, âgée de 58 ans, ont été acquittés vendredi 2 octobre alors qu'ils étaient accusés de "tentative d'assassinat" à l'encontre de leur mère octogénaire.
En décembre 2017 à Bayeux, ils avaient décidé d'administrer à leur maman - aveugle, paralysée et alitée après deux accidents vasculaires cérébraux - des somnifères pour l'aider à mourir. La vieille dame les implorait de mettre fin à ses jours, car elle ne supportait plus son état et ses douleurs.Avec ma soeur, on ne savait plus quoi faire
"C'était vraiment un geste de désespoir. On l'a fait en sachant à quoi on s'exposait" affirmait Stéphane, dont la mère est toujours vivante en octobre 2020.
"Ils ont agi sous la contrainte morale"
Face à cette histoire, qui repose la question de l'euthanasie en France, l'avocate générale avait requis deux ans de prison à l'encontre de Stéphane et Valérie.Mais à l'issue de débat et de la délibération, la cour d'assises et le jury ont estimé que les deux Normands "pouvaient bénéficier de la cause d'irresponsabilité pénale prévue par l'article 122-2 du Code Pénal".
"Ils n'avaient pas d'autres choix que d'administrer une dose massive de somnifères à leur mère. Ils ont agi sous la contrainte morale des injonctions répétées de leur mère et de leur sentiment absolu d'impuissance pour répondre aux souffrances de cette dernière" concluait Jeanne Chéenne, la présidente.
"Si ça peut aider d'autres personnes"
Reconnus coupables mais pénalement irresponsables, le frère et sa soeur sont finalement sortis libres.Les deux Normands voient en cet acquittement "une victoire. On a l'impression que c'est un pas en avant. Si ça peut aider d'autres personnes qui sont dans la même situation que moi et ma soeur, qui ont des mamans en fin de vie difficile, je me dis que ça n'aura pas été fait pour rien".
*prénoms d'emprunt