La France, et peut-être plus encore la Normandie, faisait partie des destinations préférées de la reine Elizabeth II. Hommage à Jeanne d'Arc à Rouen, visites personnelles dans le pays d’Auge, attrait pour le monde du cheval dans l’Orne en particulier, la reine mère n’en oubliait pas ses obligations de mémoire aux fils de la nation sacrifiés pour les valeurs qu’elle défendait, la démocratie et la liberté.

La reine Elizabeth II est venue de nombreuses fois en Normandie, notamment quatre fois aux commémorations du débarquement de Normandie: en 1984, 1994, 2004 et 2014. Lors du cinquantième anniversaire, elle est allée se recueillir dans la matinée du 6 juin 1994 sur les tombes du cimetière britannique à Bayeux, première ville libérée de France.

La chambre de la Reine

Ce jour là, le programme était particulièrement dense. Son protocole de visite avait prévu une pause à la sous-préfecture de la capitale du Bessin. En fin de matinée, la rolls protocolaire a déposé la reine sur le perron de la maison de l’Etat, située place Charles de Gaulle, là où le chef de la résistance française avait prononcé son discours de libération. Dans la cours, se souvient l’ancien sous-préfet, Raphaël Le Méhauté, « le gravillon avait été parfaitement ratissé, les façades ravalées » .

Dans le magnifique édifice classique l’attendait une grande chambre d’environ 40 mètres carrés, spécialement meublée dans le style Louis XV pour sa Majesté. L’ancien sous-préfet  poursuit: "C’était ma chambre ! Nous avons été remisés, ma famille et moi, dans les combles de la bâtisse pour faire place à la Reine.  Mais c’était un grand honneur ! J’ai travaillé un petite année à la préparation de son arrivée", précise-t-il. "Nous avons fait venir  du mobilier du petit Trianon, du mobilier royal composé d’un lit à corbeille, d’un canapé à frange et d’un bureau de style Louis XV.  Les rideaux ont été fabriqués sur place. Tout cela sous la conduite du chef du protocole de l’Elysée qui avait prévu également une pièce pour le Prince Philip, pour le premier Ministre Britannique de l'époque John Major et les officiels." 

Une présence simple

"Je me demandais comment j’allais l’accueillir, ce que j’allais lui dire", raconte Raphaël Le Méhauté. "Mais tout était orchestré par le chef  du protocole qui m’avait dicté les mots à lui dire: "Bonjour Madame, vous êtes la bienvenue à Bayeux", et c’est tout ! Je lui ai offert un cadeau, des produits locaux préparés par des agriculteurs du Bessin. Les services de sécurité avaient fouillé de fond en comble la sous-préfecture mais il n’y a pas eu de contrôle pour le panier garni", se souvient amusé le sous-préfet. 

Il n’y avait pas d’ascenseur, la reine a monté l’escalier, a rejoint la chambre pour se changer, changer de manteau et de chapeau ... se rafraîchir, manger quelques fruits.  Le prince Philip était avec elle. Elle est restée environ une demie heure et est repartie avec lui pour un déjeuner à la préfecture de Caen avant la grande cérémonie l’après-midi à Omaha Beach avec le président Mitterrand.  "C’était une femme très simple", se souvient encore le sous-préfet. "Tout le monde tremblait un peu à l’idée de sa venue mais sa présence, d’une grande simplicité, a fait que tout s’est bien passé."

La chambre de la reine est toujours là, on n’y touche pas, elle a une symbolique particulière !

Yann Paris, secrétaire général de la sous-préfecture de Bayeux

"La chambre est restée en l’état, on n’y touche pas", confie le secrétaire général actuel de la sous-préfecture. "Depuis 1994, elle a une symbolique particulière. Le grand public n’y a pas accès, même s’il pose la question lors des journées du patrimoine qui ouvrent uniquement le salon  où le Général de Gaulle est passé en 1944."

Pour les grandes occasions, seules des personnalités ont le privilège d’y séjourner, de s’imprégner des mystères de la chambre royale. 

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