"Une question d'équité et de justice" : 18 élèves sourds privés d'accompagnement spécialisé en cette rentrée

Dix-huit enfants du Calvados bénéficiaient jusqu'à l'année dernière du soutien de codeurs dans les salles de classe, pour les aider à suivre les enseignements. Faute de financement de l'Etat, ils sont aujourd'hui privés de ce soutien adapté qui a pourtant fait ses preuves. Les familles sont démunies et choquées face à cette situation.

La rentrée scolaire était plus compliquée que les années précédentes pour dix-huit familles d'enfants sourds dans le Calvados : depuis septembre, les élèves sont privés de codeurs. Ces accompagnateurs spécialisés dans la langue française parlée complétée (LFPC) étaient une aide précise pour retranscrire en direct toutes les interventions des enseignants aux élèves déficients auditifs.

Mais depuis cette année, les collectivités locales ont décidé de ne plus financer cette aide (120 000€ par an environ), jugeant que c'était à l'Etat de le faire. Laissant ainsi les enfants et leur famille totalement démunis.

"J'ai peur pour ma fille"

"Nous sommes révoltés. Il n'y a pas de solution apportée pour permettre à nos enfants d'avoir un accompagnement avec des professionnels. C'est choquant. J'ai peur pour ma fille. J'ai peur de ne pas pouvoir apporter de l'aide à mon enfant" s'insurge Frédérique Pépin, maman de Jeanne, sourde profonde et scolarisée en terminale.

Pour la lycéenne, l'apport d'un professionnel qui maîtrise la LFPC est essentiel.

"En cours, les codeurs vont restituer la parole de l'enseignant mot pour mot. C'est super pratique pour l'élève dans le sens où il va pouvoir être baigné dans le langage français comme tous les autres élèves" assure Jeanne Pépin d'Orlando, qui va passer son baccalauréat en 2024.

"Une question d'équité et de justice"

En compensation de la perte des codeurs, les parents d'élèves se sont vus proposer l'intervention d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH). Une aide déclinée qu'ils ont fermement déclinée.

"Pourquoi on refuse ? Parce que dans les textes officiels, il est bien précisé qu'une AESH n'a pas vocation à être codeur donc on ne peut pas accepter. En plus, pour vraiment être codeur, c'est une formation d'un an avec licence à la clé et pas seulement 20h de formation, avec tout le respect que j'ai pour les AESH. C'est une solution au rabais. Et l'AESH ne serait pas à l'aise avec la vitesse de codage que demande l'apprentissage en lycée" dénonce Agnès Valette, présidente de l'Association des parents d'enfants déficients auditifs du Calvados (APEDAC).

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Dix-huit enfants du Calvados bénéficiaient jusqu'à l'année dernière du soutien de codeurs dans les salles de classe, pour les aider à suivre les enseignements. Faute de financement de l'Etat, ils sont aujourd'hui privés de ce soutien adapté qui a pourtant fait ses preuves. Les familles sont démunies et choquées face à cette situation. ©Pierre Marie Puaud et Laila Agorram / France 3 Normandie

Pour permettre à leurs jeunes de suivre le rythme scolaire, certaines familles ont fait le choix de payer eux-mêmes une codeuse.

Mais la solution doit être apportée par l'Education nationale et non par les parents 

Frédérique Pépin, mère d'une enfant sourde

En plus d'une pétition en ligne, une procédure juridique a été engagée pour trouver une solution. "Ce que l'on espère obtenir, c'est ce qui est prévu dans les textes. C'est-à-dire que l'Etat mette en place dans les établissements le codage LFPC, souligne Agnès Valette. C'est une question d'équité et de justice".

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