Pour réduire le déficit budgétaire de la France, le gouvernement prévoit de ponctionner 5 milliards d'euros dans les dotations aux collectivités territoriales en 2025. Les maires de Normandie sont très remontés.
"Le gouvernement ne se rend pas compte que c'est brutal et difficile à accepter", lance Joachim Pueyo, maire PS d'Alençon, dans l'Orne. "Je suis à la tête de la communauté urbaine d'Alençon et de la ville d'Alençon. Ces prélèvements vont nous coûter entre 1 et 1,2 million d'euros. C'est difficile à digérer."
Des économies difficiles à avaler
Après être passé entre les mains des députés, les sénateurs vont se pencher sur le projet de loi du budget 2025. Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé que le gouvernement allait ponctionner 5 milliards d'euros dans le budget des collectivités l'an prochain pour réduire le déficit :
Vous savez, les collectivités tiennent toujours leur budget à l'équilibre. Ce n'est pas à nous de payer les conséquences du budget déficitaire de l'État.
Joachim PueyoMaire PS d'Alençon
Le maire et président d'agglomération est dépité. Il ajoute : "En plus de ce prélèvement sur nos recettes, l'État nous annonce que nous subirons également une diminution de la compensation de TVA qui s'élève de 10%. Ça représente 100 000 euros pour la communauté urbaine et 100 000 euros pour la ville d'Alençon."
"On doit déjà tenir compte de l'inflation, des dépenses des personnels qui sont inéluctables et j'espère que le coût de l'énergie ne va pas encore augmenter". Des économies qui vont avoir des conséquences sur les investissements des collectivités : "On va devoir regarder où couper, voir quelles interventions on va diminuer. On a commencé les travaux du centre aquatique d'Alençon, mais avec ces économies, on se demande forcément si on va les poursuivre."
Des investissements compromis
Ces mesures du gouvernement pour les collectivités territoriales restent en travers de la gorge des maires et présidents de communautés d'agglomérations normands. Dans un communiqué de presse, les cinq Associations Départementales de maires Normandes s’unissent afin de faire entendre leur voix face à l’annonce de ces ponctions supplémentaires des collectivités.
Le président des maires de la Manche, Charly Varin, que nous avons pu joindre, nous explique que : "Sur l'agglomération Mont-Saint-Michel Normandie, ça représenterait 700 000 euros de financement de moins. 540 000 pour Granville Terre et Mer et plus de 2 millions d'euros pour l'agglomération du Cotentin."
Il peut comprendre que le gouvernement demande aux collectivités d'être solidaire. Mais trop, c'est trop :
L'État a supprimé la taxe d'habitation et a promis de compenser chaque euro. Et voilà que maintenant on nous demande des économies. On n'est pas responsable du déficit budgétaire de la France !
Charly VarinPrésident des maires de la Manche
"On nous transfère toujours plus de responsabilités comme le système de santé, on nous demande des maisons de santé, des pôles de santé ou encore de gérer la petite enfance, mais ce n'est pas de notre compétence", ajoute Charly Varin.
Pour lui et ses collègues, ce n'est pas aux communes, qui sont en premières lignes auprès des citoyens et des institutions sur leur territoire, de payer la facture salée : "Si on fait des économies, ça veut dire qu'on ne peut pas investir. Et si on n'investit pas, ce sont les habitants qui vont en pâtir avec des services publics en moins, le monde associatif sera moins aidé. Ce sont les collectivités qui investissent et font travailler les entreprises et les artisans."
La région Normandie réduit son budget de près de 60 millions d'euros
Ce vendredi 8 novembre 2024, Hervé Morin, président de la Normandie a écrit à l’ensemble des Présidents des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) pour les informer qu’en raison des restrictions budgétaires, la Région est contrainte de revoir à la baisse l’enveloppe dédiée aux contrats de territoire.
De 360 millions d’euros sur la période 2023-2027, elle s’élèvera finalement à 301 millions d'euros pour la même période : "Vous voyez bien que c'est un engrenage, la région va baisser ses dotations, les départements aussi. Par conséquence, les communes vont forcément se retrouver en difficulté", soupire Joachim Pueyo.