A l'heure de la rentrée scolaire, le groupe Hamelin, détenteur de la marque Oxford se taille une place de choix dans les rayons des magasins. Cette entreprise familiale créée en 1864 est leader européen du marché des fournitures scolaires. Quelles recettes ont été changées pour conquérir le marché ? L'actuel dirigeant du site caennais jette un regard dans le rétroviseur.
Évidemment, en plus de 160 ans, l'entreprise a beaucoup évolué. Si le fondateur Ernest Hamelin misait sur les registres et les livres comptables, son petit-fils a orienté la production vers les cahiers destinés aux écoliers. Avec succès : dès la fin des années 80, Hamelin devenait leader français du marché.
35 ans de production de cahiers d'écolier
Restons plongés dans ces années-là. Les rotatives tournent à plein régime, des millions de cahiers siglés Conquérant (en référence à la rue Guillaume le Conquérant qui abritait la première entreprise familiale) sortent d'une usine de 30 000 m2. Elle est considérée en 1988 comme l'une des plus modernes d'Europe. La mécanisation est la devise du dirigeant Robert Hamelin.
Le marché des fournitures scolaires ne permet pas une très forte valeur ajoutée, on n'est pas Vuitton
Olivier Thébaud, directeur général Hamelin France
Certaines de ces machines tournent encore aujourd'hui sur le site de Caen. Mais la mécanisation demeure-t-elle aujourd'hui l'un des critères de réussite ? L'actuel directeur du site Olivier Thébaud n'hésite pas une seconde : "c'est encore vrai aujourd'hui. La logique économique est exactement la même. Il faut avoir une très bonne productivité. Cette industrie à forte capitalisation compte sur les volumes produits."
Pas moins de 100 millions de cahiers, destinés à 90% au marché français, sortent aujourd'hui des lignes de fabrication.
20 millions d'euros d'investissements à Caen
Mécaniser et rénover, c'est ce qui justifie aujourd'hui les 20 millions d'euros investis sur le site normand. Un exemple côté impression : une ligne permet d'imprimer des couvertures en polypropylène. "Ce produit remplace la couverture cartonnée, les cahiers sont ainsi plus durables dans le temps. Ça correspond aux attentes de nos consommateurs" précise Olivier Thébaud.
Par rapport aux années 80, l'automatisation s'est même étendue : des bras robotisés s'occupent de mettre en cartons les cahiers jusqu'à les positionner sur des palettes. Deux lignes flambant neuves, à 2 millions d'euros chacune. Une manière de gagner en productivité.
De la diversification à la spécialisation
Autre élément qui explique le succès de l'entreprise dans les années 80 : la diversification. Elle implique des stocks importants et des milliers de références qui attendent dans des hangars.
L'actuel directeur du site tique. "Là, les données ont changé. La spécialisation s'impose : vous ne pouvez pas être bon dans plein de domaines à la fois. À l’époque il y avait une grosse usine qui fournissait l'intégralité du marché français dans tous les produits, alors qu'aujourd'hui, on a ici une usine qui ne fait plus qu’un seul type de produit mais pour tous les marchés."
À Caen sont fabriqués des cahiers agrafés - ou cahiers piqûres. L'achat d'entreprises européennes et l'implantation de sites en Italie, Espagne, Allemagne, mais aussi en Grande-Bretagne, Tunisie, Turquie ou Chine permet aux dirigeants de cette entreprise de se voir leader sur le marché mondial. "Avec 600 millions d'euros de chiffre d’affaires, nous sommes une entreprise de taille intermédiaire en cours d'internationalisation", précise Olivier Thébaud.
La famille Hamelin est toujours aux commandes actuellement, l'entreprise n'est pas cotée en Bourse. Vu depuis Caen, l'avenir demeure ancré au papier des cahiers d'écolier.