Après deux années marquées par le Covid, où les hôtels, bars et restaurants ont pu bénéficier d’une extension pour respecter les distances entre les tables, il est de nouveau possible d'étendre sa terrasse. Sauf que désormais cette extension est payante.
A partir d'aujourd'hui à Caen (Calvados), hôtels restaurants et bars auront le loisir d’étendre leur terrasse à partir de 19h. Un dispositif qui avait vu le jour avec la crise sanitaire pour pallier le manque à gagner, mais que la ville de Caen a décidé de maintenir cette année.
« Le dispositif que nous avions mis en place lors de la crise Covid consistait à permettre aux commerçants de compenser ce qu’ils perdaient du fait des mesures sanitaires. On leur avait permis de s’étendre sur le domaine public pour compenser cette perte de place. Aujourd’hui on a tiré les enseignements de ces deux dernières années et on a décidé de proposer aux commerçants qui le peuvent de pérenniser ce système de le rendre définitif. C’est un réel outil d’attractivité pour la ville. On a bien vu qu’il y avait des coins plus fréquentés qu’avant, les gens viennent à Caen que pour ça. »
Ludwig Willaume, adjoint au maire en charge des espaces publics et du cadre de vie
Trouver de la place
Un dispositif lucratif pour ces établissements mais pas sans contrainte. La première, ne pas dépasser le double de la surface de la terrasse à l'année. Mais pour cela il faut déjà pouvoir bénéficier de l’espace nécessaire pour installer un bout de terrasse supplémentaire. Pour le Bistrot du Palais, qui se trouve Place Fontette, impossible de s’étendre.
La solution est aussi de s’accorder avec ses voisins. Au bar l’Endroit rue Écuyère à Caen, la gérante Stéphanie Cheval s’est mise d’accord avec la librairie qui se trouve à côté pour installer des tables supplémentaires.
Dans cette rue, difficile de s'étendre sans empiéter sur la route. Les bars s’étalent donc en largeur.
« La première contrainte c’est l’espace public, parce qu’on a des contraintes d’accessibilité, que ce soit pour les piétons, les poussettes et les personnes à mobilité réduite. Il y a aussi des contraintes de sécurité, parce qu’on doit toujours garantir l’accès aux secours. Ici rue Ecuyère la voie centrale doit toujours rester accessible, donc les bars ne sont autorisés qu’à déborder latéralement après accord de leurs voisins ou des habitants quand c’est un immeuble d’habitation. »
Ludwig Willaume, adjoint au maire en charge des espaces publics et du cadre de vie
Y mettre le prix
Contrairement au passe-droit accordé aux restaurateurs pendant la crise sanitaire, l’extension est désormais payante. Il faudra compter entre 18,90 et 59,60 euros le m² pour 6 mois selon les secteurs. (59,60 euros du m² en zone 1, 35,75 euros en zone 2 et 18,90 euros en zone 3) Un prix qu’il faut pouvoir rentabiliser.
« Ça a un coût supplémentaire parce qu’on ne peut pas avoir de terrasses près de nos commerces. Donc on est obligés de les déporter. Alors forcément c’est du personnel qui est destiné à rester ici, ce sont des coûts de surveillance, beaucoup de mobiliers et d’efforts supplémentaires. Mais on espère que ça vaudra le coup. »
Maurane Boucher, Gérante du bar Le Bercail
Plus de confort ou plus de tables
Après le dépôt et l'examen d’un dossier auprès de la mairie, il est possible d'installer sa terrasse. L'extension peut permettre deux choses pour les restaurateurs : donner plus d'espace à la clientèle ou rajouter des tables.
« Nous avons fait le choix que les clients soient bien installés avec de l’espace, sans rajouter de tables. On a quand même la chance d’avoir une belle place aérée pas de voitures passantes. Donc on va plutôt élargir notre capacité de travail, en passant autour des tables plutôt que d'en rajouter, d'en mettre plus en encore plus et encore plus..."
Delphine Poli, gérante du Virgule Café
Pour elle, rajouter des tables rendrait l'extension moins rentable. "Ça implique le fait d’embaucher, donc il faut bien calculer parce que maintenant l'extension est payante. Si on ajoute des tables, on ajoute un serveur, ce qui fait des charges en plus et je trouve ce qui est déjà assez lourd. Je sais que ça va devenir trop cher."
A l'inverse le bar l'Endroit a fait le choix d'ajouter 5 tables supplémentaires. "L'objectif est d'installer plus de monde en terrasse" pour la gérante Stéphanie Cheval.
Ce dispositif qui débute aujourd'hui, prendra fin le 15 octobre 2022.