ANALYSE. Législatives 2024. L'ex-Basse-Normandie, bastion de résistance de l'ancien monde (ou presque)

L'ancienne Basse-Normandie est l'une des rares régions de France à n'avoir aucune circonscription raflée par le Rassemblement National. Dans le Calvados, la Manche et l'Orne, tous les députés sortants en lice ont été réélus. Une anomalie dans un paysage politique français bouleversé après les élections législatives 2024.

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"C'est le choc en la matière, il n'y a aucun changement". Dans une France fracturée, tiraillée entre le Rassemblement National et le Nouveau Front Populaire, le territoire de l'ancienne Basse-Normandie fait figure d'exception, voire d'extraterrestre. 

Dans les 13 circonscriptions du Calvados, de la Manche et de l'Orne, tous les députés sortants en lice pour ces élections législatives anticipées ont été réélus. "Le mode de scrutin fait qu'il faut nécessairement avoir des voix de report au second tour. Or, le RN n'en a pas", explique Christophe Boutin, politologue. Si le parti de Jordan Bardella a fait une impressionnante percée lors du premier tour, sa vague s'est retirée une semaine plus tard, repoussée à l'Est aux frontières du Calvados et de l'Orne par les désistements au nom d'un front républicain bien plus vivant que certains ne voulaient le faire croire. 

La gauche et la droite encore vigoureuse

Dans un pays qui se développe sur ses extrémités (environ 140 sièges pour le RN, 70 pour LFI sur 577 à l'Assemblée nationale), les bastions traditionnels résistent en Basse-Normandie. Si 6 députés sont ralliés à la majorité présidentielle (Borne, Bouyx, Blanchet, Patrier-Leitus, Sorre et Travert), il demeure trois élus socialistes (Pic, Delaporte et Jourdan), et quatre issus des Républicains (Gosselin, Nury, Louwagie et Bruneau). D'ailleurs, seul nouvel élu, le maire de Caen est un pur produit LR, même s'il s'est présenté sous l'étiquette divers droite, pour s'éloigner de la droite ciottiste.

"Là où au niveau national, on parle de trois groupes forts (Ensemble, NFP et RN), nous en avons quatre en Basse-Normandie, où les LR tiennent un quart des circonscriptions", détaille Christophe Boutin, politologue. 

Une élection en trompe-l'œil

Toutefois, si l'évidence laisse à penser que l'ancienne Basse-Normandie est bloquée dans le passé, et reste un bastion de résistance de l'ancien monde, la vérité de l'isoloir est toute autre. Plus de 282 000 électeurs ont voté pour un candidat du Rassemblement National, un cumul historique.

On a une impression fallacieuse que rien n'a changé. Or, quand on regarde le scrutin en nombre de voix, il y a une forte progression du RN, même dans les milieux urbains.

Christophe Boutin, politologue

D'ailleurs, les députés réélus ne sont pas dupes. À l'heure de s'exprimer sur notre plateau, nombreux sont ceux qui ont eu un mot pour les battus. "Il faut avoir la victoire très modeste étant donné le contexte politique. À ceux qui ne m'ont pas soutenu, je voudrais dire que j'ai bien entendu le message", a déclaré le Manchois Stéphane Travert

Même son de cloche chez Arthur Delaporte, député PS de Caen : "Il reste un électeur sur trois qui ne s'est pas prononcé en ma faveur, et ça, il faut l'entendre". Une oreille attentive que Joël Bruneau, nouvel élu, compte bien avoir aussi durant ce nouveau mandat : "La vraie question, c'est comment on prend en compte les colères exprimées, et les adhésions, pour proposer autre chose, rassembler des gens autour d'un projet pour faire quelque chose". Ce sera tout l'enjeu des prochains mois à l'Assemblée nationale, et dans les territoires.

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