Attente, tension, renoncement : la galère des tests de la Covid-19 à Caen

A Caen, les centres de dépistage de la Covid-19 sont pris d'assaut. Les queues s'allongent et il faut parfois attendre près de trois heures pour être testé, et plus de trois jours pour obtenir le résultat. En conséquences, les patients s'agacent et les soignants se sentent en insécurité. 

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Paradoxe à Caen. La propagation du virus coïncide avec la fermeture partielle du plus grand centre de dépistage, celui du Zénith, prié de laisser place à la Foire Internationale. Depuis plusieurs jours, par ricochet, ailleurs sur les autres sites de test, les files d'attente s'allongent, les patients s'énervent et la tension monte avec des soignants qui craignent l'agression.

Hier lundi, Caroline se rend chez le médecin car son fils a de la fièvre et des maux de gorge. Rien d'étonnant, ce petit garçon de 4 ans est sujet aux rhinopharyngites régulières. C'est d'ailleurs le diagnostic du médecin, qui prescrit tout de même un test Covid-19, car "les symptômes du coronavirus sont très variables chez les enfants". Malgré l'ordonnance du docteur, elle n'a pas de passe-droit lorsqu'elle arrive au centre de dépistage de SOS Infirmiers, place Jean Nouzille à Caen. 
 

Je suis arrivée sur les coups de 16h30. Il y avait déjà une queue en forme de serpentin, avec une bonne centaine de personnes, qui attendaient, sous le soleil et la chaleur (plus de 30°, NDLR). J'ai patienté avec mon fils de 4 ans, qui avait 38,5° de fièvre, sans abri... Jusqu'à ce qu'une femme vienne nous dire, à 18h15, que le centre fermait dans un quart d'heure et que la majeure partie des personnes ne serait pas prise en charge. 

Caroline



Dans la file d'attente, les gens s'énervent. "Vous auriez pu nous le dire avant, on fait la queue depuis trois heures !". "Je suis désolé, on est débordé... encore plus depuis que le drive du Zénith a fermé", déplore l'agent du centre. Devant le mécontentement ambiant, elle menace d'appeler les forces de l'ordre, expliquant qu'elle a déjà été contrainte de le faire quelques jours auparavant pour évacuer les renfrognés insatisfaits. "Il y a des soirs où c'est compliqué. Les gens ne sont pas contents mais ce n'est pas de notre faute. On travaille en tension. Il y a certains soirs où on appelle la police pour la fermeture", confie une infirmière.  

Ailleurs à Caen, le laboratoire des Carmes ne prend plus de rendez-vous. "On est débordé. Les gens essaient de retrouver des endroits pour faire des tests. On n'est plus capables de donner des résultats en moins de 72h..." Soit une éternité pour certaines personnes qui, découragées de ce casse-tête, décident d'abandonner leur quête d'un test, peu importe son éventuel résultat. 
 

La semaine dernière, notre fille présentait des symptômes de fièvre et des courbatures. Un premier médecin ne nous a pas prescrit de test, un deuxième si. On s'est renseigné pour aller le passer, mais les laboratoires nous ont dit qu'il y avait cinq jours d'attente pour un rendez-vous. On est alors allé au drive test du Zénith, il fallait patienter trois heures et demi. Du coup, on a laissé tomber. Tant pis pour le test !

Un père désabusé



C'est bien là le plus grand risque : que les potentiels porteurs du virus abandonnent l'idée de se faire dépister devant la complexité d'obtenir un test. Un dilemme bien compris par l'Agence Régionale de Santé, qui tâche de mettre tout en oeuvre pour éviter les renoncements. Ce mardi, durant l'après-midi, ses techniciens ont délocalisé le centre de drive test du Zénith au Parking Beaulieu, à l'Ouest de Caen. 

Autre problématique à contrecarrer, la lenteur des résultats. Alors qu'il fallait 24h début septembre pour savoir si un test était positif ou négatif, il est désormais nécessaire d'attendre au moins 72h. "On ne peut pas rester dans l'attente pendant trois jours ou plus, sans aller travailler" déplore Caroline, obligée d'aligner des congés enfant malade. Pour réduire ces délais, pas d'alternative, les centres de dépistage doivent réduire la voilure.
 


A Caen, des panneaux annoncent désormais un maximum de 100 tests par jour. Un retour en arrière, certes, mais c'est le prix à payer pour remettre un peu de sérénité dans les centres de dépistage, éviter la colère des usagers, et préserver la santé et la sécurité des soignants. 

 
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