Distanciation entre les tables, port du masque, pas de consommation debout. Avec les beaux jours et l’euphorie de se retrouver autour d'un verre, un laisser-aller est palpable dans certains bars et restaurants caennais. Les forces de police contrôlent le respect des consignes sanitaires.
« C’est compliqué de faire respecter les mesures sanitaires. Sinon, on passe notre temps à faire la police », confie le gérant d’un bar-restaurant de Caen. Le bistrot est installé rue Écuyère, connue pour ses soirées étudiantes festives et arrosées.
Pendant la journée, la « clientèle de bureau » déjeune et respecte les gestes barrières sans trop de difficultés. Mais le soir, des jeunes gens viennent trinquer au déconfinement. Les groupes se mélangent. Et même si le personnel « essaie d’être dans les clous », il est parfois dépassé. Le patron reconnaît « l’impossibilité à gérer les flux en cas d’affluence ». Il lance : « ce n’est pas la clientèle la plus docile ».
Même constat dans le bar Le 23 quelques mètres plus loin. Les gérants signalent sur les réseaux sociaux « une légère baisse de vigilance quant aux règles d'hygiène en vigueur ». Le troquet rappelle que « le port du masque reste obligatoire pour tout déplacements à l'intérieur de l'établissement, autant pour commander qu'aller aux toilettes ».
« Il faut canaliser le relâchement ». Ce sont les mots de Yann France, chef du restaurant La Flambée à Deauville (14) et président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie du Calvados (UMIH 14). D'après ce représentant syndical, les gérants des établissements doivent être « exemplaires ».
Il craint une fermeture généralisée des bars et restaurants, si les consignes sanitaires ne sont pas suffisamment appliquées. « Pour quelques établissements qui ne jouent pas le jeu, on risque de tous en payer les conséquences », s’indigne-t-il. Pour lui, la course au chiffre d’affaires n’est « pas un argument valable ». Il encourage la pratique de contrôles.
Il n’y a pas de phases de contrôles plus que d’autres, mais il s'agit de contrôles quotidiens.
Des contrôles de police au quotidien
Pour veiller au respect des mesures sanitaires, les forces de police patrouillent dans les rues du centre-ville caennais. Le patron du bar rue Écuyère l’a constaté mais son bistrot n’a pas fait l’objet de vérification particulière. « Il n’y a pas de phases de contrôles plus que d’autres, mais il s'agit de contrôles quotidiens », explique la préfecture du Calvados.Depuis le confinement, une procédure a été mise en place pour contrôler les supermarchés, les centre commerciaux, les commerces de bouche, les bars et restaurants. La police nationale, la gendarmerie et la police municipale peuvent mener ces contrôles.
Si un manquement aux gestes barrières ou à la distanciation physique est constaté, un rapport administratif peut être dressé. Il est accompagné d’une mise en demeure de se mettre en conformité. Si rien n’est fait, les commerces risquent une fermeture administrative. « Ça serait dommage d’en arriver là », lance Yann France de l’UMIH 14.
« Cela se passe plutôt bien. Le relâchement ne se fait pas plus sentir dans les commerces, bars et restaurants que dans les espaces publics », constate-t-on du côté de la préfecture. Aucune fermeture, liée à ces contrôles, n’est à signaler dans le Calvados.
Les « bons élèves »
« Ils peuvent toujours venir me contrôler ! », lance le patron d’une brasserie du centre-ville caennais, qui n’a rien à se reprocher. Ce gérant dit « ennuyer en permanence son personnel » avec le respect de la sécurité sanitaire. « Je suis toujours prêt à sacrifier une table pour respecter la distanciation physique », précise-t-il.Gel hydro-alcoolique à disposition des clients, port du masque pour les serveurs et interdiction de commander au comptoir. « On essaie d’être les bons élèves », explique Isabelle Le Masson propriétaire et gérante du Café du Théâtre à Caen. Sur les 75 places à l’intérieur, une vingtaine a été supprimée. Mais le bistrot profite d’une autorisation pour étendre sa terrasse et espacer les tables.
Même si Isabelle Le Masson passe une bonne partie de son service embuée derrière ses lunettes et son masque, pas question de se relâcher. Elle ne veut pas jouer avec le feu, « au risque de devoir fermer la boutique », détaille-t-elle, ravie d’avoir retrouvé sa clientèle début juin.