Des tests de dépistage gratuits sont désormais proposés sur les marchés de Caen. Dans les allées baignées de soleil, les gestes barrières sont parfois délaissés. À l'approche des grandes vacances, une nonchalance s'installe. Le stand tenu par des infirmières sonne comme un rappel à l'ordre.
Le vendredi matin, la place Saint-Sauveur a retrouvé la physionomie qui est la sienne depuis près de mille ans. Le jour du marché, c'est un carrefour vivant, coloré, odorant, où bat le coeur de la ville. Pour peu que le soleil daigne se montrer comme c'est le cas en ce début d'été, l'endroit incite à la flânerie. On s'offre un bouquet de fleurs. On s'attarde chez les bouquinistes. On se laisse tenter par une douzaine d'huîtres.
Mais rappelons-nous, c'était il y a seulement quelques semaines :
Comme il semble déjà loin le temps où quelques clients pétrifiés prenaient leur tour dans la file d'attente pour aller au ravitaillement. Le confinement est déjà rangé au rayon des mauvais souvenirs. "Il y a un relâchement, constate le docteur Aymar Lecoeur, le directeur du laboratoire des Carmes. Les beaux jours arrivent. Et puis c'est vrai, les gens en ont ras-le-bol".#confinementjour25
— Raphaël Fresnais (@RFresnais) April 10, 2020
Reprise (limitée) du marché du vendredi place St-Sauveur #Caen pic.twitter.com/Ow7pVrMTCK
Un petit stand rappelle pourtant que la pandémie est loin d'avoir dit son dernier mot. L'association SOS Infirmiers a planté sa tente derrière les brocanteurs, pas trop loin des primeurs. Elle propose des dépistages gratuits et sans ordonnance à quiconque le veut bien. "C'est l'affaire de trente secondes, sourit Aurélie Savary, la directrice de l'association. Le plus long, c'est de remplir le papier. Nom, prénom, adresse, numéro de sécurité sociale."
Une autre association propose des tests similaires depuis quelques jours déjà à quelques rues d'ici. "C'est une manière d'accompagner le déconfinement", poursuit Aymar Lercoeur dont le laboratoire est chargé d'analyser les prélèvements effectués sur le marché. Le résultat est généralement connu dans les 24 h. "Si c'est positif, l'Agence Régionale de Santé contacte directement les personnes pour identifier très vite les personnes contact."
Voici comment se déroule le test :
Entre le vendeur de fraises de la Suisse Normande et le marchand de tapis persans, le port du masque est aujourd'hui en option. "Pourtant, les deux seules choses à respecter pour éviter le contracter ce virus, c'est de se laver les mains et de mettre un masque. Même quand il fait chaud, souligne Aurélie Savary qui juge bon de rappeler cette évidence : si chacun porte un masque, on ne prend aucun risque. Deux personnes qui discutent sans masque même en respectant une distance d'un mètre, ce n'est pas sans risque."Dès le début de la pandémie, SOS Infirmiers a constitué une équipe entièrement dédiée à la Covid-19. "Nous avons fait des tests à la demande de patients qui présentaient les symptômes, explique Aurélie Savary. Les gens avaient peur et ils étaient soulagés quand on leur disait que le résultat était négatif. On a aussi mis en place des surveillances pour des personnes malades qu'on visitait plusieurs fois par jour afin de leur éviter l'hospitalisation."
Dans son dernier bulletin d'information, l'agence Régionale de Santé a pourtant rappelé que le virus était loin d'être vaincu. Le nombre de tests positifs s'établit à 4,7 pour 100 000 habitants sur une durée 7 jours, et "le nombre de reproduction effectif" a grimpé à 1,7 (il s'agit du nombre moyen de personnes qu'un malade va contaminer. Au-delà de 1,5, le seuil d'alerte est franchi...). Devant ce constat, les infirmières de terrain s'inquiètent du relâchement constaté ces derniers jours. "Nous allons continuer à faire notre travail. On aimerait simplement avoir du soutien. Et le soutien, ce n'est pas que les applaudissements."Nous avons fait plein d'efforts pour faire reculer la maladie et pour que le confinement ne dure pas trop longtemps. Si aujourd'hui les gens ne font pas attention, c'est décourageant.