Le hérisson d'Europe a été reclassé en espèce "quasi menacée" d'extinction lors de la COP16, fin octobre 2024. Hibernant parfois dans les jardins normands, comment le protéger ? France 3 vous détaille les bonnes pratiques à adopter.
L'heure de l'hibernation a bientôt sonné pour les petits mammifères piquants. Ce sont les derniers jours de promenade nocturne pour les hérissons normands, qui finalisent leurs stocks de nourriture avant de se mettre en veille pendant les mois d'hiver.
Menacée par les activités humaines, l'espèce est passée de "préoccupation mineure" à "quasi menacée" dans la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), lors de la Cop16 sur la biodiversité, fin octobre 2024. La nouvelle n'est pas une surprise pour l'association de protection des mammifères sauvages Groupe Mammalogique Normand (GMN).
"On s'y attendait", réagit Nicolas Klatka, chargé de mission mobilisation citoyenne au sein de cette association, avant de tempérer l'information : "Cela concerne l'Europe de l'Ouest, mais en France, nous n'avons pas assez de données pour avoir une idée précise de leur état. Cela ne veut pas dire qu'ils se portent bien".
Les hérissons sont présents partout en Normandie, en ville comme à la campagne. Bien qu'ils soient des animaux nocturnes, il n'est pas rare de croiser leur route au détour d'un jardin, parfois même en journée. Quels réflexes adopter pour éviter de les mettre en danger ?
Des choupissons orphelins
"Si jamais vous avez un doute sur l'état de santé du hérisson, si vous voyez qu'il est blessé ou que vous ne savez pas s'il s'agit d'un bébé ou d'un adulte, le premier réflexe est d'appeler un centre de soins", explique Nicolas Klatka.
Il en existe deux pour ce genre d'urgences en Normandie : La dame blanche dans le Calvados et Le chêne en Seine-Maritime. Si besoin, des vétérinaires pourront vous conseiller. Pour rappel, le hérisson est un animal sauvage et protégé, il est donc illégal d'en capturer, d'en détenir ou d'en soigner un chez soi sans autorisation spécifique.
Il n'est pas impossible de trouver des "orphelins d'automne" tapis sous un tas de feuille. Il s'agit de petits de moins de deux mois, issus de portées tellement tardives dans l'année que leur mère est entrée en hibernation avant leur émancipation. Selon le GMN, 70% des jeunes hérissons ne survivent pas à l'hiver.
Créer des passages entre les jardins
Autre point important sur lequel insiste le chargé de mission : l'entretien du jardin. Les produits chimiques sont à proscrire, la tonte raisonnée ou alternée est encouragée et il est inutile de nettoyer le dessous des haies, lieu prisé par les petits mammifères pour s'y faire un nid, tout comme les tas de bois, de compost ou de feuillage.
"La meilleure des choses reste encore de créer des passages entre les jardins pour éviter que les hérissons ne se fassent écraser sur les routes", alerte Nicolas Klatka. L'association a monté un programme régional pour cela : Piqu'en Ville, créé depuis 2021.
Les hérissons sortent parfois de leur hibernation et peuvent parcourir jusqu'à cinq kilomètres en une nuit pour se mettre de petits invertébrés ou des insectes sous la dent. "Leur domaine vital fait plusieurs hectares, pour référence un hectare cela correspond environ à 20 jardins en Normandie !"
Nicolas Klatka a rendez-vous dans quelques jours pour installer des passages dans des jardins caennais, de quoi compléter la liste des quelque 300 déjà existants dans la région.