Originaire de Montpellier, Charlotte Cagigos est arrivée à Caen il y a quatre ans pour jouer au hockey. La jeune femme âgée aujourd'hui de 20 ans a gravi les échelons : elle est devenue gardienne remplaçante de l'équipe professionnelle masculine. Un cas unique en France.
"Les équipes professionnelles, quand on est petit et même quand est junior, on les regarde comme des.... ce sont nos modèles. Ça s'est fait naturellement mais ce n'est pas quelque chose que je réalise forcément tous les jours." Mercredi 6 janvier, les Drakkars, l'équipe professionnelle de hockey-sur-glace de Caen évoluant en D1, affrontait en match amical le club de Neuilly. Pour garder ses buts, Charlotte Cagigos. Une première pour cette jeune femme âgée de 20 ans. Un cas unique en France.
C'est en accompagnant son grand frère à la patinoire qu'elle a découvert, toute petite, le hockey. Ses parents l'inscrivent à l'école de glace à trois ans. La petite fille préfère glisser dans les traces de son aîné plutôt que d'opter pour le patinage artistique. Un véritable choix de vie plus qu'une lubie ou un hobby. Elle quitte sa ville natale, Montpellier, à 14 ans pour intégrer le pôle France féminin à Chambéry en Savoie. Deux ans plus tard, la voilà en Normandie. La jeune fille cherche du temps de jeu et souhaite, dans cette optique, intégrer un club masculin. A Caen, Charlotte gravi les échelons : U20, D3 et finalement cette année, D1. Ce mercredi 6 janvier marquait sa première titularisation.
Reportage de Florent Turpin, Cyril Duponchel et Fabrice Lefeuvre
En France, tout sport collectif confondu, charlotte est la seule femme à évoluer avec les hommes au plus haut niveau. Elle le doit notamment à une spécificité de sa discipline. La fédération de hockey autorise les femmes à jouer dans les championats masculins, mais uniquement au poste de gardien. Sa place au sein de l'équipe pro, elle la doit aussi et surtout à son talent et sa pugnacité. "Avec son attitude, qu'elle se batte tout le temps dans sa cage, qu'elle travaille fort, ça m'a amené à lui proposer cette place de second gardien", explique Luc Chauvel, l'entraîneur Hockey Club Caen.
"J'ai envie d'être là parce que je le mérite"
Le seul traitement particulier accordé à la jeune femme, c'est un vestiaire séparé. "Elle fait vraiment partie intégrante de l'équipe. Les gars la chambrent et elle répond. Elle ne se laisse pas avoir dans les mauvaises blagues qu'il peut y avoir de temps en temps", indique le coach. "Elle veut être traité comme un joueur standard et on le fait. Elle s'habitue bien", constate un de ses coéquipiers, André Ménard. "Ils ne m'épargnent pas mais c'est ce qu'il faut", confie l'intéressée, "J'ai envie d'être là parce que je le mérite, que je suis performante et pas juste parce que je suis une fille."
Ce mercredi soir, si les Drakkars se sont inclinés sur le score de 6 à 3, la jeune femme arborait à l'issue du match un large sourire. "J'ai réussi à prendre du plaisir, je n'en retiens que du positif." Et son entraineur d'abonder dans ce sens. "Elle a fait un gros début de match avec des arrêts décisifs." Une première étape avant beaucoup d'autres sur un chemin qui peut-être, rêve-t-elle, la mènera jusqu'aux prochains jeux olympiques d'hiver de 2022, à Pékin, avec l'équipe de France féminine.