La plateforme d'imagerie médicale caennaise a lancé un vaste plan de renouvellement de son matériel. Un investissement conséquent et nécessaire pour rester parmi les meilleurs centres de recherche.
Pour la plateforme d'imagerie biomédicale caennaise Cyceron, ce lundi 24 août, c'était un peu noël avant l'heure. Au pied du sapin (ou plutôt sur la plateau d'un imposant poids-lourd), un colis de cinq tonnes : l'aimant, la pièce maîtresse de l'équipement IRM (Imagerie Résonance Magnétique) de nouvelle génération. Le déchargement est suivi avec beaucoup d'attention par le directeur technique de Cyceron. "C'est une affaire de spécialiste, on fait appel à un transporteur particulier", explique Nicolas Delcroix, "Si on secoue trop l'aimant, on peut casser le disque de rupture et vaporiser les 1000 litres d'hélium qui sont à l'intérieur."
Sur le parking de Cyceron, d'autres camions attendent avec leur chargement, le fourneau de gradient et l'antenne d'émission réception. Une fois assemblé, le nouvel outil de Cyceron pèsera sept tonnes. Débutera ensuite une phase de réglage. "Une fois installé dans la salle, on va injecter du courant, énormément d'ampères dans les bobines pour générer les trois teslas (ndlr : l'unité de mesure de la densité d'un flux magnétique) de champ magnétique", indique le directeur technique, "Pour avoir des images de qualité, c'est important d'avoir un champ extrêmement stable et homogène dans l'espace. On sera amené à faire plusieurs descentes et montées de champ, régler et rajoutant des petites masselotte métalliques autour du tunelle pour que le champ soit hyper stable à l'intérieur."
"Projeter Cyceron dans les 10 prochaines années"
Pas vraiment plug and play donc. Mais c'est le prix d'un matériel de pointe, pour une recherche qui souhaite l'être tout autant. Les chercheurs, d'ailleurs, pourront poser leurs mains sur ce nouvel équipement d'ici trois semaines à un mois. "L'arrivée d'une machine de ce type, c'est une vraie fierté parce que ça nous permettre de projeter Cyceron dans les 10 prochaines années comme étant l'une des cinq plateformes les plus performantes de France", explique son directeur, Benoît Huelewyn, "et supporter l'ensemble des programmes de recherche que nous avons en cardioscience, en nueorscience et en oncologie." Parmi les deux programmes phare en cours à Caen, l'étude sur la mémoire des évenements traumatiques (après les attentats de 2015) ou celui sur la méditation et la maladie d'Alzheimer.L'arrivée de ce nouvel IRM, d'un coût de 2 millions d'euros financés par la Région, s'inscrit dans un plan plus vaste de rénovation de Cyceron initié en 2017. "Certains de nos matériels étaient âgés entre 15 et 30 ans", souligne le directeur de la plateforme d'imagerie biomédicale, "A l'issue de 2021, nous aurons 80% de notre parc qui aura été renouvelé et nous continuons notre rénovation jusqu'à l'horizon 2026 par l'intermédiaire des contrats de plan Etat-Région pour obtenir de nouveau financements." Outre le renouvellement de son parc matériel, Cyceron va également procéder dans les prochaines années à la rénovation de son immobilier "qui a parfois plus de 30 ans".