Caen : immersion dans le quotidien des réfugiés de l'Abbaye-aux-Hommes en 1944

Une visite exceptionnelle était proposée ce 8 mai à l'Abbaye-aux-Hommes de Caen pour découvrir la vie des civils qui se sont réfugiés dans cet édifice durant l'été 1944. Une plongée au cœur du quotidien particulier de milliers de femmes, hommes et enfants, regroupés ici pour survivre lors de la Seconde guerre mondiale.

L'Abbaye-aux-Hommes de Caen et l'ancien lycée Malherbe avaient été identifiés, avant le débarquement, comme des potentiels centres d'accueil pour 600 réfugiés. Mais ce seront finalement près de 10 000 hommes, femmes et enfants qui s'y entasseront à l'été 1944, en plein coeur de la Seconde guerre mondiale. 

L'histoire de l'Abbaye-aux-Hommes, lieu emblématique fondé au XIe siècle par Guillaume le Conquérant, était révélée en détails ce lundi 8 mai à l'occasion d'une visite spéciale. 

Des photographies, des textes, des témoignages vidéos et audio ont permis aux visiteurs de se replonger dans le quotidien difficile des réfugiés de la guerre.

"Le matin de mon arrivée, 1 500 personnes environ doivent être nourries. Le soir, l'effectif monte à 1 800. Il faut suppléer à l'insuffisance de l'ordinaire par des biftecks. C'est 400 pièces qu'il faut faire sauter en une heure sous l'oeil de serveuses bénévoles remplies de bonnes volontés. Et ceci dans une cuisine dépourvue du nécessaire pour faire un nombre de repas aussi élevé" raconte un cuisinier dans un texte d'époque.

"Une vraie fourmilière"

Une ville dans la ville s'était organisée dans l'Abbaye-des-Hommes pour essayer de gérer au mieux les couchages et les repas des familles venues trouver refuge ici.

C'était une vraie fourmilière. En plus des réfugiés, il y avait aussi les services de la ville qui avaient été rapatriés ici après le bombardement de l'hôtel de ville à l'été 1944. Et puis les coiffeurs exerçaient leur activité dans le cloître. Beaucoup de gens n'osaient pas bouger, par peur de ne pas retrouver leur place car tout le monde cherchait un emplacement ici

Pierre-Alain Lebreton, responsable des guides de l'Abbaye-aux-Hommes

Parmi les milliers de réfugiés présents à l'été 1944, se trouvait Jean-Pierre Le Vigoureux. Il se souvient avoir vécu ici avec ses cinq frères et soeurs et ses parents.

"Moi, j'en garde plutôt un bon souvenir. C'est avant que j'ai eu de mauvais souvenirs. Quand on a traversé la ville en flammes, avec des bombes, pour regagner cette église. Pour moi, ce lieu a été un refuge. Un apaisement. Ceux qui étaient dans la cidrerie eux étaient dans des conditions précaires par rapport à nous. C'est très important pour moi d'être là aujourd'hui, avec mes petits-enfants, parce que je ne voudrais pas que cette histoire se perde" raconte Jean-Pierre Le Vigoureux. 

Le reportage de Stéphanie Lemaire et François Ormain

durée de la vidéo : 00h02mn02s
Une visite exceptionnelle était proposée ce 8 mai à l'Abbaye-aux-Hommes de Caen pour découvrir la vie des civils qui se sont réfugiés dans cet édifice durant l'été 1944. Une véritable plongée au cœur du quotidien terrible de milliers de femmes, hommes et enfants, regroupés ici pour survivre lors de la Seconde guerre mondiale. ©France 3 Normandie

L'abbaye épargnée par les bombardements

Pour éviter que l'édifice ne soit ciblé par les bombardements, les habitants et la défense passive, organisme en charge de la protection des civils, avaient tendu un grand drap blanc sur le toit de l'Abbaye.

Un moyen de signaler aux aviateurs brianniques qu'il s'agissait d'un hôpital et un centre d'accueil pour les réfugiés. 

L'impressionnante Abbaye-aux-Hommes, classée monument historique, incarne encore aujourd'hui les témoignages puissants de ceux qui ont survécu à la Seconde guerre mondiale à Caen.

Elle pourra à nouveau être visitée le 6 juin prochain.

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