Au printemps dernier, le quincaillier normand était fier d'obtenir le label "Great place to work" et le faisait savoir. Six mois plus tard, le voilà en conflit avec son CHSCT. Les deux parties avaient rendez-vous ce jeudi matin au tribunal.
"76% des salariés disent qu'ils sont satisfaits de ce qui se passe chez Legallais et que c'est une entreprise où il fait bon vivre", déclarait en mars dernier l'un des responsables du quincaillier normand devant notre caméra. L'entreprise, installée à Hérouville, nous avait ouvert ses portes pour célébrer sa présence au palmarès "Great place to work" 2018 (en français approximatif: un très bon endroit pour travailler), une labellisation accordée après l'audit effectué par un institut américain présent dans une soixantaine de pays. Le distributeur était d'autant plus fier qu'il était le premier en Normandie à recevoir cette distinction. Six mois plus tard, l'entreprise a pourtant donné rendez-vous à son CHSCT (comité hygiène, sécurité et condition de travail) au tribunal.
Les élus du CHSCT étaient assignés en référé ce jeudi matin au tribunal de Caen. L'audience a finalement été reportée au 15 novembre, l'entreprise ayant rendu à la justice ses conclusions trop tardivement. "Legallais n'est pas forcément très à l'aise avec cette affaire", estime Franck Mérouze, secrétaire syndical commerce et service du Calvados (CGT), "on ne peut pas s'afficher en tant qu'employeur responsable socialement et puis dans le même temps assigner les membres du CHSCT qui oeuvrent pour les conditions de travail des travailleurs devant un tribunal. Le temps gagné leur permet d'élaborer leur stratégie."
Au coeur du conflit, l'expert mandaté par le CHSCT pour les accompagner dans le projet de réorganisation du service réception que souhaite mettre en oeuvre la direction de Legallais. Celle-ci estime que l'enquête coûterait plus cher la réorganisation elle-même. "C'est un projet qui a été conçu avec les salariés qui consiste à modifier l'implantation d'un certain nombre de postes de travail: il n'y a pas de nouveau matériel, pas de nouvelle tâche demandée aux salariés, pas de cadence imposée par l'entreprise", affirme maître Philippe Salmon, l'avocat de Legallais, "le projet est évalué à 20 000 euros et l'entreprise consièdre que mettre en place une expertise pour un projet d'aussi petite importance c'est tout à fait disproportionnée". La direction dit être "à la disposition des représentants du personnel pour trouver une solution".