3500 étudiants sont confinés dans 9 ou 15 m2 sur les campus de Normandie. 57% d'entre eux viennent d'autres pays : Italie, Algérie, Mexique. Comment parviennent-ils à garder le moral, loin de leurs familles ? Comment la solidarité s'organise-t-elle ? Témoignages de deux optimistes, Lydia et Thiziri.
*Lydia entre sport et p'tit boulot
Tous les jours, Lydia appelle ses parents, qui sont confinés eux-aussi en Algérie. Cette étudiante en énergie électronique devait les rejoindre le 19 mars. Deux jours après le confinement. Mais son vol a été annulé.
"Au début, c'était très très dur. Moralement. Etre confrontée à la routine. Je vivais tous les jours... le même jour. Mais j'ai réussi à surmonter ça et ça va mieux."
Pour rompre cette satanée routine, Lydia cuisine. Elle fait aussi du sport, de la course à pied dans le campus ou de la gym devant son écran de télévision. "Cela me permet de destresser, c'est bon pour le moral et pour garder la forme", explique joyeusement Lydia.
Les étudiants, on le sait, ont dû mal à finir le mois. Certains doivent faire des petits boulots, en parallèle de leurs études. Lydia a trouvé un CDI providentiel dans une pizzeria, pour un contrat de quinze heures.
Heureusement que j'ai trouvé ce boulot. Même si ce n'est pas un revenu énorme, ça me permet de payer mon loyer, faire mes courses. Au bout d'un moment, nos parents peuvent pas nous prendre sous leurs ailes tout le temps.
Lydia
Reportage de Gwenaëlle Louis et Stéphanie Lemaire
Thirizi, entre humour et solidarité
Non loin, dans la cité U de Lébisey, Thirizi s'active pour rompre la solitude. Cette étudiante en maths et informatique appliquées fait des vidéos humoristiques sur l'application Tik Tok et fait du karaté, dans les espaces verts du campus.Les imitations de Thirizi
"Je cuisine beaucoup, des soupes, des tagines, des feuilles de briques. Je mets même des bougies, une musique douce et je dîne toute seule. Parfois, j'allume l'ordinateur et j'invite mes parents à me rejoindre. On mange ensemble par écran interposé".
Thirizi s'investit beaucoup pour venir en aide aux étudiants. Elle participe à la distribution de colis alimentaires auprès des étudiants avec l'association des étudiants algériens et l'agorae, l'épicerie solidaire caennaise.
Ils ont même prévu de cuisiner une fois par semaine pendant la période du ramadan, qui commence en fin de semaine. "Nous n'avons pas encore défini la distribution car nous nous devons de respecter bien sûr les consignes sanitaires", explique-t-elle.
C'est ouvert à tous, et pas seulement aux musulmans. Le ramadan, c'est l'esprit de partage et de convivialité. La solidarité n'a pas de frontières.
Avec son association, Thirizi a même ouvert une cagnotte Leetchi pour venir en aide aux étudiants.
Que propose le Crous de Normandie pour les étudiants, en grande difficulté ?
Pour les étudiants se retrouvant avec peu de ressources, le crous a mis en place des mesures de soutien depuis le confinement :
- 121 E-cartes d’un montant de 50 ou 100 euros chacune ont ainsi été délivrées.
- La livraison de 800 paniers solidaires dans les différents campus de la région. Ils sont composés de produits alimentaires et d'un kit d'hygiène, savon, dentifrice....
- En plus des e-cartes, 419 étudiants ont également reçu une aide ponctuelle pour un montant global de 97 350 euros.
- Pour garder le lien, les équipes du Crous proposent à ceux qui le souhaitent de les appeler une fois par semaine, afin de s'assurer que les étudiants aillent bien et ne manquent de rien.