"Tout le système de soin se dégrade et tout le monde regarde ailleurs". Avec son franc-parler, Pascal Goncalves médecin généraliste à Thury-Harcourt, revient sur le prix de la consultation médicale. Il défend 50 euros. Face à la grogne des médecins libéraux, la caisse nationale d'assurance maladie vient de proposer une revalorisation du tarif à 26,50 euros, soit 1,50 euros de plus qu'aujourd'hui.
50 euros par consultation, c'est trop ?
"J’entends que les gens disent "avec 50 euros, vous allez doubler votre revenu c'est bien trop important". Ce qu’il faut avoir en tête, c'est que pour le moment la rémunération des médecins c’est à la fois l’acte - ce que la population voit (autrement-dit les 25 euros payés à la fin de la consultation) et ce sont aussi des forfaits et des subventions. Et ces forfaits, on n’en veut plus !
C'est trop contraignant pour nous, c'est trop d’administratif et c'est trop éloigné de la qualité des soins. Ces économies faites sur les subventions, réinjectons-les dans la revalorisation de l’acte et on atteindra les 50 euros. La médecine libérale n'a de libéral que le nom, il faut changer ça"
En finir avec les consultations inutiles
"On a plein de consultations inutiles, purement administratives. Il faut les supprimer. Il ne s’agit pas de consulter à 50 euros pour établir un certificat médical, mais il s'agit de supprimer tous ces certificats inutiles. Est-ce normal qu’on doive faire des consultations pour remplir des dossiers de cartes de stationnement handicapé ? Ça n’a pas de sens. Est-ce normal de faire ordonnances pour des déambulateurs 4 roues ? Ce n'est pas cohérent ! Nous, on ne veut plus de cela, on veut se recentrer sur le soin."
50 euros pour déléguer l'administratif
"Le soin, c’est prendre un patient dans sa globalité : quand monsieur Dupond vient avec une angine, ce n’est pas que l’angine, on connaît les enfants, on s’assure que les vaccinations sont à jour. Quand les gens viennent nous voir, ils peuvent penser que c'est un peu rapide, mais on s’est posé en amont plein de questions. Pendant nos 10 années d’études, on n’a pas été là pour tricoter : on est là pour repérer ce qui va être grave ou pas, et ça prend du temps.
D'un côté, on veut nous ajouter une année à l’internat de médecine générale, mais de l’autre, on délègue nos compétences médicales aux pharmaciens, aux infirmiers et aux kinés - et je n’ai aucun souci avec eux. Mais ce n'est pas ce que l'on attend.
Percevoir 50 euros permettrait d’engager du personnel, c'est à nous de le faire. Je ne veux pas d'assistant, je préfère embaucher une secrétaire. On veut juste mieux bosser"
Pascal Goncalves, médecin généraliste à Thury-Harcourt