Tous les bars et restaurants de Normandie ont dû fermer leurs portes depuis dimanche, après l'annonce des mesures renforcées pour lutter le coronavirus. Mais des solutions existent encore, pour servir des repas aux clients. A condition d'en voir.
En quelques jours, les Français ont dû changer radicalement leurs habitudes. L'épidémie de Covid-19 a provoqué des annonces gouvernementales en série, pour limiter la propagation du virus. Et les restaurants normands en subissent les effets de plein fouet.
C'est sauve qui peut. Plus la situation va durer, plus ce sera une catastrophe.
Yann Kada, gérant de Mezzo Di Pasta à Caen
Pourtant, techniquement, ce n'est pas encore la fin. Si les clients ne peuvent plus être servis en salle, ils ont encore le droit de demander à être livrés ou passer prendre leurs commandes.
C'était d'ailleurs le discours du principal syndicat des hôteliers-restaurateurs dimanche soir, sur le plateau de France 3 Normandie.
Certains de mes collègues, par des applis de livraison, ou par les réseaux sociaux, essaient de continuer à vivre. C'est aussi une nécessité pour vider les frigos.
Stéphane Pugnat, vice-président du l'UMIH 14
Certains proposaient déjà ce service,
La petite cantine à Caen a par exemple répondu à une dizaine de commandes ce mardi, c'est encore peu mais deux fois plus que d'habitude (15 % de leur chiffre d'affaire en temps normal). Son patron, Christophe Duchesne, espère que ce service va se developper dans les jours qui viennent, notamment auprès des habitants autour de la brasserie, les clients habituels venant des bureaux étant eux en télétravail, chez eux... Le serveur a dû être mis au chômage partiel.
On prend la commande et on se met d’accord sur un horaire pour venir chercher. Les clients ne rentrent jamais ds la boutique.
Christophe Duchesne, patron de la Petite Cantine à Caen
Un manque de clients
Mais la dernière déclaration du président de la République, Emmanuel Macron, a clairement eu un impact sur la fréquentation du centre ville de Caen.Et même pour un spécialiste de la vente à emporter comme Yann Kada, gérant du restaurant Mezzo Di Pasta, cette situation est devenue intenable.
Ouvert lundi, il a préféré fermer depuis, par manque de clients. Son chiffre d'affaire habituel avait été divisé par 10 !
La maison mère nous a conseillé de ne faire que de la vente sans contact, donc uniquement avec les applications de livraison. Mais si c'est pour ne faire que 16 livraisons comme lundi, et avec les côuts économiques, il vaut mieux rester fermer.
Yann Kada, gérant de Mezzo Di Pasta à Caen
Surtout que les mesures d'aides annoncées seront surement insuffisantes pour combler le manque à gagner. Les assurances ne couvrent pas la perte d'exploitation dûe à des risques de pandémie et ou de guerre, sinon "cela couterait trop cher et empecherait l'indemnisation des clients".
Le petit commerce défend sa place !
Dans certains quartiers, certains tentent de renforcer les liens. Comme Emile Feldhofer. Sa boucherie "chez Émile" va rester ouverte tous les jours et proposer des livraisons de viande et plats traiteur dans un rayon de 15 minutes à pied autour de sa boutique.Cela permettra aux personnes âgées seules ou dans l’incapacité de sortir de passer le cap.
Si tous les petits commerçants de bouche s’organisent ainsi, ça faciliterait la vie des habitants.
Emile Feldhofer, boucher
D'autres ont eu une grosse surprise, comme ce bureau de tabac à Cormelles-le-Royal. Son gérant s'attendait peut-être à une journée difficile, sans son bar et sa brasserie. C'était sans compter sur un vent de panique des fumeurs, sans doute inquiets de la limitation des déplacements... 15.000 euros de chiffre d'affaire ce lundi !