Le Stade Malherbe reçoit Rodez ce samedi 13 avril dans le cadre de la 32e journée de Ligue 2. Pour que le match se déroule dans de bonnes conditions, toute une équipe s'affaire. Rencontre avec les travailleurs de l'ombre du football, dans l'intimité du stade.
Le passant ne peut pas le soupçonner par lorsqu'il traverse l'esplanade du stade d'Ornano. L'enceinte est aveugle et de l'extérieur, elle ne laisse rien paraître. Pourtant, c'est une ruche où s'activent des petites mains aussi précieuses qu'anonymes.
Un soir de match, les supporters vont croiser les agents chargés du contrôle des billets - le stade d'Ornano compte 17 entrées. Le public est encadré par des stadiers, bien visibles. La police et les pompiers assurent aussi une présence discrète. Ceux qu'ils ne voient pas sont tout aussi essentiels.
Les sous-shorts et les sous-maillots
C'est le saint des saints, l'endroit le plus secret du stade. Dans le silence feutré du vestiaire, un intendant prépare méticuleusement les tenues de scène des acteurs. Romain est déjà venu la veille pour disposer "les sous-shorts et les sous-maillots" dans les casiers de chaque joueur.
Le jour du match, une fois que la composition de l'équipe est connue, Romain prépare "les maillots, les pulls et les tee-shirts d'entraînement".
Il est l'un des rares à pouvoir entrer dans le vestiaire en dehors des joueurs, du staff technique et des dirigeants. "Je suis supporter du Stade Malherbe depuis tout petit, dit-il en glissant un maillot sur un cintre. Cela ne fait pas longtemps que je suis là et franchement, ce que je vis est fou."
Les gestes sont méticuleux, répétés. Le maillot sur le cintre, le short plié sur l'étagère. C'est comme un cérémonial.
Le championnat des pelouses
Les jardiniers du Stade Malherbe n'attendent par le jour du match pour entretenir le gazon. En hiver, il est tondu deux à trois fois par semaine. En été, le régime est quotidien. La hauteur de la pelouse est très réglementée par la Ligue de football professionnel. Elle doit être comprise entre 23 et 27 millimètres.
Après une ultime tonte matinale, l'équipe de jardinage s'attelle au traçage des lignes. L’entreprise est précise. "Les lignes ont toute la même largeur. Elles font 12 centimètres", raconte Camille Le Lay, une des jardinières de ce stade d'Ornano qui est aussi engagé dans une compétition : "Nous sommes actuellement troisième au championnat des pelouses. Il nous reste cinq matches pour finir premier".
Le gazon d'un grand stade de football est un concentré de technologie. La pelouse est hybride. Des fibres synthétiques sont plantées sur un substrat de sable et de terre. L'herbe naturelle s'y accroche.
Avant le match, la pelouse est copieusement arrosée pour que le sol sablonneux se gorge d'eau afin d'offrir une meilleure résistance aux crampons tout en conservant de la souplesse. À Caen, le terrain est un vrai billard.
"Je fais monter la température"
Il est la voix du stade, celle qui résonne dans les travées. François Duval est le speaker officiel du club depuis déjà quelques saisons. Sa journée commence bien avant d'empoigner le micro.
La soirée se rédige sur une feuille de papier. Un avant-match tient de l'émission de télévision. "J'ai un conducteur et tout est écrit, minute par minute."
À 45 minutes du coup d'envoi, François Duval entre en piste et les séquences s'enchaînent : les jeux, les clins d'œil aux sponsors, les annonces des compositions d'équipes.
"Je connais bien le stade et le public. Je peux me permettre d'improviser un peu mais on suit quand même le conducteur. Je suis là pour faire monter la température jusqu'au coup d'envoi, l'apothéose."
Quand l'arbitre donne le coup d'envoi, les travailleurs de l'ombre s'arrêtent. Le speaker, les jardiniers et les intendants regardent le match.