L'unique coopérative funéraire de Normandie, ouverte en 2021 à Ifs (Calvados), propose des prestations à des prix bien inférieurs que les pompes funèbres traditionnelles. Les conseillers ne touchent aucun pourcentage sur les ventes, qu'ils adaptent aux revenus des clients.
Cercueils en pin, échéanciers, cérémonie à la maison... Souvent méconnues, de nombreuses alternatives existent pour limiter le prix des funérailles. Depuis sa création juin 2021, l’unique coopérative funéraire de Normandie, située à Ifs (Calvados), propose des prestations funéraires à moindre coût et adaptées aux revenus des foyers.
Au sein de la structure, des obsèques coûtent entre 3 000 et 3 500 euros environ, contre 4 500 euros en moyenne dans les pompes funèbres classiques.
Pour proposer ces prix, François Esquerré et Estelle Cosnier orientent les clients vers des services moins chers que ceux proposés traditionnellement.
Des cercueils à 400 euros
"Beaucoup de personnes pensent qu'on n'a pas le droit d'être enterré en pleine terre. Or ça coûte trois fois moins cher qu'un caveau ", explique François Esquerré, le président de la coopérative. Si un caveau en béton vaut 1 600 euros en moyenne, deux places dans une fausse en pleine terre ne coûtent que 800 euros.
On explique aux familles modestes qu'on aura la même façon de travailler
Estelle CosnierConseillère funéraire
Par ailleurs, les soins de conservation ne sont pas obligatoires, contrairement aux idées reçues. Selon François Esquerré, seulement 5% des défunts de la coopérative reçoivent ce soin, contre 40 % dans les pompes funèbres.
Son montant atteint en moyenne les 400 euros."Une toilette funéraire réalisée par une thanatopractrice revient environ à 195 euros", précise-t-il.
Cette étape est prise en charge par les chambres funéraires lorsque les personnes décèdent à l'hôpital ou dans certaines maisons de retraite. Quand le décès a lieu à domicile, elle reste au frais du défunt ou de sa famille.
La coopérative travaille également avec une menuiserie française pour fabriquer des cercueils en pin vendus entre 400 et 1 200 euros. Une alternative aux modèles en chêne, accessibles à 1 000 euros minimum.
Aucun pourcentage sur les ventes
"On ne fait pas de cérémonie à l'église ou au crématorium si cela coûte trop cher. On l'organise plutôt au cimetière ou dans un jardin. On ne fait pas de différence, défend Estelle Cosnier, conseillère funéraire. C’est notre éthique. On explique aux familles modestes qu'on aura la même façon de travailler".
Face à l'insistance des conseillers, les clients endeuillés sont parfois poussés à débourser bien plus qu'ils ne le peuvent, quitte à s'endetter. Une pratique contre laquelle lutte la coopérative... "Qu'on vende un cercueil à 400 euros ou à 2 000 euros, ça ne change rien pour nous. Nous ne touchons pas de pourcentages sur les ventes", explique François Esquerré.
Inspiré du modèle québécois, le fonctionnement des coopératives funéraires relève de l’économie sociale et solidaire. Depuis 2022, les sept coopératives françaises sont rassemblées par une fédération nationale. En Normandie, les deux salariés perçoivent un salaire fixe et font partie des 140 sociétaires de la coopérative.
Limiter la charge mentale
En parallèle des obsèques, la coopérative participe à différents événements pour aborder sans tabou le thème de la mort et de son coût financier. La prochaine rencontre aura lieu le mardi 5 décembre, sur réservation, dans un café à Caen (Calvados).
Le paiement des obsèques fait partie du processus de deuil
François EsquerréPrésident de la coopérative
"On essaie de faire comprendre aux gens qu'il est important de partager ses souhaits funéraires de leur vivant car les coûts reviennent ensuite aux familles", ajoute Estelle Cosnier. La coopérative met à disposition gratuitement un questionnaire "d'arrangement funéraire" que les clients peuvent remplir avant leur décès.
Aussi propose-t-elle des échéanciers pour adoucir cette étape particulièrement difficile pour les familles aux revenus précaires. "Le paiement des obsèques fait partie du processus de deuil. Les familles veulent payer rapidement car elles pensent que leur deuil ne pourra commencer qu'après le règlement des obsèques, conclut François Esquerré. Avant cela, elles ne sont pas en paix".