Une quarantaine de jeunes enfants atteints de diabète ont rencontré Yoann Court (SM Caen), jeudi 30 novembre. Malade depuis ses 23 ans, le footballeur a répondu à leurs questions, et rassuré les parents quant à la compatibilité de la pathologie avec la pratique sportive, même de haut niveau.
"Tu te piques plus durant les matchs ? Comment ça se passe avec tes coéquipiers ? Est-ce que ça change ta façon de jouer ? As-tu déjà fait une crise d'hypoglycémie en match ?" Face à Yoann Court, footballeur professionnel au SM Caen, une quarantaine de jeunes enfants, diabétiques comme lui.
Âgés de 5 à 16 ans, ils viennent de toute la Normandie et sont un peu intimidés face au joueur qu'ils regardent habituellement depuis la tribune ou devant leur télévision.
"Je me pique aux bras. Les cuisses, ce n'est pas conseillé"
Après avoir découvert les entrailles du stade d'Ornano, des vestiaires au terrain, les jeunes prennent place dans un salon au dernier étage de l'enceinte caennaise. Yoann Court s'empresse de les rassurer sur la maladie.
"Au début, ce n'était pas évident, je n'arrivais pas à gérer, comme vous sans doute, mais avec le temps, je m'y suis habitué. Surtout, il ne faut pas penser que c'est une honte d'être malade. Il faut se dire que ça ne change rien à notre vie, on est comme les autres, ça ne va pas nous empêcher de faire ce qu'on veut".
Les mots du footballeur sont de nature à rassurer les enfants, mais surtout les parents. Diagnostiqué diabétique de type 1 à 23 ans, le milieu de terrain caennais s'est accommodé de sa pathologie, mais avoue que la présence de son entourage, de sa femme notamment, a été primordiale. "Elle m'a appris à être discipliné, m'a soutenu dans les moments plus compliqués".
Quand j'ai appris que j'étais diabétique, j'avais le choix entre arrêter le foot ou continuer en étant sérieux. Se battre face à la maladie est déjà une victoire. Le cerveau décide, si t'as envie de le faire, tu vas y arriver.
Yoann Court, milieu de terrain du SM Caen
Contrairement à la majorité des enfants devant lui, Yoann Court ne porte pas de pompe à insuline. "Je me suis toujours piqué, dans les bras, parce que pour un footballeur, ce n'est pas conseillé de le faire dans les cuisses. Aussi, il y a dix ans, mon diabétologue m'avait dit que ce n'était pas recommandé de porter une pompe avec la pratique sportive. J'avoue que je ne lui ai pas redemandé depuis."
Organisatrices de l'évènement, les infirmières de la société NHC rassurent sur la compatibilité du dispositif et de la pratique sportive. Certaines mamans renchérissent, "Nous, on la protège avec un bas censé tenir les protège-tibias", d'autres racontent : "notre fils est gardien, et la pompe ne l'empêche pas de plonger", "une fois, la pompe s'est décrochée. On l'a remise après, il n'y a pas eu de problème".
C’était cet après-midi à d’Ornano, Yoann Court à la rencontre des enfants diabétiques de Normandie 🫶 #SMCaen #TeamSMC pic.twitter.com/M5G5eVrcvo
— Stade Malherbe Caen (@SMCaen) November 29, 2023
Au fur et à mesure des prises de paroles, des témoignages, les crispations parentales se dissipent. "Pour nous, c'était angoissant", rapporte Emilie, maman de Hugo. "On ne savait pas s'il allait tomber au milieu du terrain, s'il pouvait continuer le sport. Finalement, tout se passe bien".
L'après-midi d'échange a été bénéfique. Célina, de Cherbourg, est rassérénée : "Mon fils a 11 ans, on commence tout juste à le lâcher. Quand on voit ça, on se dit qu'il y a de l'avenir pour eux". Même son de cloche pour Franck, de Lisieux : "On a vu un joueur qui est très courageux, qui s'en sort, qui les a encouragés et motivés. On apprend que rien n'est insurmontable".
Venue de Beaumont-le-Roger dans l'Eure, Gwenaelle est heureuse du moment passé. "En tant que parent, on a toujours un peu peur de le mettre au sport. La rencontre d'aujourd'hui est super, ça a permis de nous rassurer." Les mots de Yoann Court l'ont convaincue d'inscrire son fils Kenzo, cinq ans, dans un club de foot la saison prochaine.
Ne pas croire que le diabète est un frein
Quant au footballeur, il ressort fier de la séance collective. "Mon message, c'est qu'il ne faut pas croire que le diabète sera un frein dans le monde professionnel. Parfois, certains parents pensent que leurs enfants seront bloqués. Ce n'est pas vrai. Se battre contre la maladie est déjà une victoire. Peut-être que maintenant, certains se disent que leur rêve est possible".
Qu'il soit rassuré, au sortir de cet après-midi hors du commun, les enfants sont repartis du stade d'Ornano avec des étoiles plein les yeux.