Elles veulent un bébé de leur mari mort : le combat de veuves pour la légalisation des FIV post-mortem

Ils avaient un projet commun, celui d'avoir un enfant, mais la vie en a décidé autrement. Depuis le décès brutal de leur mari, deux jeunes veuves se battent pour obtenir le droit de réaliser une PMA post-mortem.

Cela fait bientôt un an que Mélanie Regnier se bat contre la loi française. Depuis la mort subite de son mari, qui s'est étouffé avec un morceau de viande, en juin dernier. 

Ils étaient en pleine procédure de FIV (Fécondation In Vitro) pour avoir un deuxième enfant. Ce bébé, ils le voulaient tous les deux, et aujourd'hui, Mélanie ne comprend toujours pas pourquoi la loi lui interdit d'utiliser les embryons qu'ils avaient fait congeler.

La loi française interdit la PMA post-mortem

Une PMA post-mortem, c'est une assistance médicale à la procréation utilisée après le décès d'un des membres du couple. En France, elle est interdite.

Le code de la santé publique prévoit que "l’homme et la femme formant le couple doivent être vivants, en âge de procréer et consentir préalablement au transfert des embryons ou à l’insémination. Font obstacle à l'insémination ou au transfert des embryons le décès d'un des membres du couple“.

Mélanie Regnier a donc tenté de se tourner vers les pays européens qui autorisent la PMA post-mortem, comme la Belgique et l'Espagne. En Belgique, il faut le consentement des deux futurs parents, signé en amont, ce que n'a pas fait le défunt. Et pour l'Espagne, il faudrait que Mélanie puisse s'y rendre avec les embryons déjà congelés.

Dans tous les cas, le transport des embryons est également interdit en France si l'un des deux membres du couple est décédé. Et Mélanie Regnier s'est vu refusé sa demande d'exportation des embryons par le CHU de Caen où ils sont conservés.

Mélanie cherche des solutions, malgré sa tristesse. "Ce n'est pas toujours facile", nous confie-t-elle. Elle a déjà entamé une procédure judiciaire pour empêcher la destruction des embryons, sans cela ils auraient été détruits fin juin. 

Les embryons ne sont conservés que pendant un an

"J’ai longuement hésité avant de lancé la procédure, mais ce n'était pas possible pour moi de les voir détruits en novembre."

Charlotte Ngoma a connu la même douleur que Mélanie. En décembre dernier, elle a perdu son conjoint, emporté par un cancer. "Mon mari était en réanimation quand il a signé la demande de conservation des embryons". C'était en novembre dernier. Ils n'ont pas eu le temps d'avoir un enfant ensemble. 

Alors comme Mélanie, Charlotte a décidé de se battre et d'entamer une procédure judiciaire, au moins pour gagner du temps pour la conservation des embryons. 

Une pétition pour changer la loi

Mélanie et Charlotte ne comprennent pas pourquoi on leur refuse la PMA avec les embryons de leurs conjoints décédés, alors que depuis le 2 août 2021, la loi de bioéthique permet aux femmes célibataires de recevoir les embryons d'un donnateur inconnu.

Mon seul droit aujourd'hui est celui de faire DON de NOS embryons a un couple ou a la science ! Et de m'inscrire en PMA femme seule afin d'avoir un don d'un inconnu !

Charlotte Ngoma

Mais suite à la loi de 2021, "l'anonymat, la gratuité et le volontariat" restent "les grands principes sur lesquels reposent les dons de gamètes et l'accueil d'embryons".

Alors elles ont décidé, chacune de leur côté, de lancer une pétition sur change.org pour changer la loi :

Mélanie a également mis sa pétition sur le site de l'Assemblée nationale.

Leur but : faire circuler cette pétition pour faire entendre leur voix et celles de toutes les veuves dans le même cas.

J'ai 36 ans, je ne pourrais peut-être pas bénéficier d'une avancée, mais j'ouvre la porte pour les femmes suivantes.

Charlotte Ngoma

Au Portugal, le combat d'Angela Ferreira laisse un espoir

Charlotte a récemment été contactée par une portuguaise : Angela Ferreira. Cette femme a réussi à faire changer la loi dans son pays en 2020. Elle est à l'initiative d'une pétition qui a reçu plus de 20 000 signatures. Comme l'explique The Portugal News, la loi autorise désormais l'insémination post-mortem, "si l'homme a donné des instructions claires à cet effet ou si la femme présente des preuves de "l'existence d'un projet parental clairement convenu et établi", selon le texte de loi approuvé par les parties au Parlement."

Angela Ferreira a accouché de leur enfant en 2023, 4 ans après le décès de son mari. 

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