La SPA a lancé la semaine dernière un cri d'alerte face à l'accélération des abandons. Les chats en sont les premières victimes. A Verson, dans l'agglomération caennaise la situation est "très critique"
Si l'été est pour bon nombre d'entre nous synonymes de vacances, d'autres ne chôment pas durant la période estivvale. Et pas forcément pour les bonnes raisons. Comme tous les ans, les refuges pour animaux font face à une vague d'abandons. Un phénomène malheureusement saisonnier mais qui semble cette année prendre d'inquiétantes proportions. La Société Protectrice des Animaux (SPA) a tiré la sonnette d'alarme le 8 juillet dernier.
Avec 7.700 pensionnaires, "les sites sont proches de la saturation" et "les adoptions sont moins nombreuses en cette période de vacances estivales", indique la SPA dans un communiqué, craignant "bientôt ne plus être en mesure de prendre en charge les abandons et d'accueillir de nouveaux animaux". Depuis le 1er mai, ce sont 8.932 animaux abandonnés qui ont été recueillis sur ces 62 sites (refuges et maisons). Une affluence en hausse de 6% par rapport à l'an dernier, à la même époque. Et les premières victimes de ces abandons sont les chats qui représentent 68% des animaux recueillis.
Urgence chatons !
— La SPA France (@SPA_Officiel) June 23, 2021
Alors que l’été vient à peine de débuter, la SPA a battu cette année un triste record : près de 3 000 chatons recueillis depuis le début du mois de mai. Aidez-nous à les sauver !
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Cette situation n'est malheureusement pas nouvelle. Depuis 2010, la SPA a recueilli 220 000 minets dans ses 62 refuges français. "Personnellement, je dirais que cette année c'est catastrophique", affirme Vanessa Pecullo, la directrice du refuge de la SPA de Basse-Normandie basé à Verson, une association qui "ne dépend ni de la SPA de Paris ni des confédérations des SPA de Lyon." Dans l'aggomération caennaise, on affiche plus que complet. "J'ai une soixantaine de familles d'accueil, j'ai 150 chats en famille d'accueil, j'en ai 44 en adoption au refuge et j'en ai entre 70 et 90 en attente de prise en charge. Déjà, l'année dernière, on trouvait qu'on avait pris beaucoup de chats en charge et on avait pu répondre à 95% des demandes de prise en charge grâce aux familles d'accueil."
L'aide précieuse des familles d'accueil
Un peu plus loin dans le Calvados, près d'Aunay-sur-Odon, le refuge des orphelins de l'association Stéphane Lamart est lui aussi débordé. "Tous les jours on nous appelle pour prendre en charge des chats, surtout des chatons, souvent très jeunes et presque malades avec le choriza. On n'a pas de chaterie, comme la SPA de Verson, donc on se repose uniquement sur nos familles d'accueil (ndlr : une dizaine). Or elles sont toutes complètes actuellement", indique Jessica Chalize, une des soigneuses du refuge.
Ce système de famille d'accueil, le refuge de Verson a décidé d'y faire appel voilà deux ans alors que la directrice constatait déjà une augmentation des abandons de félins. "On a un protocole d'accueil pour les chats : on fait une quarantaine de dix jours pour être sûr qu'ils ne déclarent pas de maladie. Pendant ces dix jours, on les fait identifier, vacciner, stériliser. Ça nous bloquait beaucoup", raconte Vanessa Pecullo, "Il y a des gens qui se proposaient et on a vu que ça fonctionnait bien. On a continué car on a vu que plus le temps passait, plus on avait de demandes de prise en charge de chats." La directrice continue d'ailleurs de chercher de nouvelles familles. "Tout est pris en charge par le refuge : la nourriture, les soins vétérinaires, les gamelles, la litière, tout." (si vous êtes intéressés : spa.bn.verson@gmail.com)
Le chat, un animal indépendant mais pas autonome
Le chat serait-il victime de sa réputation ? Il est souvent décrit comme moins pataud et plus débrouillard que le chien. Un cliché bien utile pour certains maîtres à en croire les associations de protection des animaux. "Un chat, ce n'est pas un animal sauvage, c'est un animal domestique. Il a besoin d'être identifié, il a besoin d'être vacciné, il a besoin d'antiparasites internes et externes, il a besoin de soins, ça ne vit pas à l'état sauvage un chat", rappelle Vanessa Pecullo, "Les gens se disent : un chat ça vit sa vie tout seul, il peut vivre dehors, il ira chercher sa nourriture lui-même. Mais non, ce n'est pas ça." Et la directrice du refuge de Verson d'évoquer certaines familles laissant leur chat derrière elles lors d'un déménagement.
Deux à trois portées par an de deux à sept chatons
Mais les adultes ne représentent pas aujourd'hui le gros des troupes. "98% du temps ce sont des chatons qui ont été trouvés errant dans la nature ou qui ont pris refuge dans une grange, dans un garage, dans un jardin. Ce sont des chatons dont on s'est débarrassés", témoigne Jessica Chalize. Et pour les acteurs du secteur, la raison est évidente. "Les chats, ça ne rentre pas dans les moeurs qu'il faut qu'ils soient stérilisé", affirme Vanessa Pecullo.
Selon le président de la SPA Jacques-Charles Fombonne, interviewé par nos confrères de la Dépêche, les différents confinements en 2021 et 2021 auraient eu un impact sur le nombre de stérilisations pratiquées en France. "Ce n'est pas nouveau. Il y a toujours une saison où les minettes font leurs petits", estime Jessica Chalize, "Mais tant que les gens ne seront pas sensibilisés sur l'importance de la stérilisation et de la castration de leur animal... Les chats peuvent faire jusqu'à deux à trois portées par an, à raison de deux à sept chatons. Ça va donc très très vite. Sachant que la maturité sexuelle chez un chat c'est six mois. Je vous laisse imaginer les dégâts."
Des chiens abandonnés avec la fin du télétravail
Si le coup de projecteur est mis sur les félins en ce début d'été, les chiens ne sont malheureusement pas épargnés par les abandons. "De janvier jusqu'à juin, on a pas été complet. On était bien rempli mais on n'était pas complet. Là on arrive en période esivale, on est complet. On commence à avoir des demandes de prise en charge et on a pas de place. On va devoir mettre sur liste d'attente", explique Vannessa Pecullon, directrice du refuge de Verson.
Au refuge des orphelins, aux Monts d'Aunay, l'effet des départs en vacances ne semble pas se faire ressentir. Pour le moment. "On a beaucoup de vieux chiens actuellement. C'est souvent suite au décès des propriétaires. La famille ne veut pas prendre le relais et donc du coup le chien va au refuge", indique Jessica Chalize.
En revanche, le déconfinement a des effets pervers. "On a des demandes d'abandon de la part de personnes qui ont eu des chiens pendant le confinement. Maintenant, tout le monde retravaille et le chien se retrouve un peu déstabilisé niveau comportement. Les gens ne font pas le nécessaire et la facilité c'est de les déposer au refuge", déplore la soigneuse du refuge de orphelins.