Encore des pneus de SUV dégonflés : le ras-le-bol des automobilistes à Caen

Dans la nuit de lundi à mardi 17 décembre, plusieurs véhicules ont été visés dans les rues de Caen. Sur les pare-brise, une lettre anonyme explique pourquoi leur voiture a été ainsi sabotée. Mais chez les automobilistes, le message a du mal à passer.

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Ce n'est pas la première fois que des automobilistes retrouvent leur véhicule avec une roue dégonflée. Mardi matin, c'est la mauvaise surprise pour Louis*, habitant du boulevard Leroy à Caen. En sortant de chez lui, il remarque que le pneu avant gauche de sa voiture est à plat. "Je me suis dit, c'est bizarre, car je ne l'avais pas bougée depuis quatre jours". Le papier laissé sur son pare-brise, lui donne une explication.

"Pourquoi j'ai voulu saboter votre bien"

Dans le tract laissé sur le pare-brise, le message est clair. Les personnes ayant déposé ce billet veulent alerter les propriétaires de ces véhicules sur leurs émissions de CO2. "Cette utilisation empoisonne notre environnement. L'énergie fossile qu'elle réclame surchauffe nos océans et détruit notre atmosphère" peut-on lire sur ce tract. Les auteurs mettent en cause également la "forte consommation de ressources métalliques, plastiques et électroniques juste pour votre confort personnel."

Nous devons mettre hors d'état de nuire ce qui émet du CO². Aujourd'hui, pas demain. Nous ne pouvons pas attendre. C'est juste de la légitime défense.

Message anonyme laissé sur le pare-brise des véhicules aux pneus dégonflés

Au moins 7 véhicules sabotés dans la nuit de lundi à mardi 

Louis n'est pas un cas isolé dans le quartier. D'après le garage St-Michel, rue de l'Arquette, sept personnes les ont contactés pour un pneu dégonflé, parfois deux, entre mardi et mercredi. Des SUV, mais pas seulement. "Cette fois-ci, il y a carrément des voitures hybrides, pas forcément des diesels, et pas les véhicules qui polluent le plus."

"Les personnes impactées sont des infirmières, des médecins, des gens qui doivent déposer leurs enfants à la crèche", répond l'employé du garage.

Louis n'avait pas besoin de sa voiture ce matin-là, mais il est plus qu'agacé par cette action militante, qui, pour lui, se trompe de cible.

Je me déplace tout le temps à vélo. Je ne prends qu'occasionnellement ma voiture, qui n'est pas un 4X4, mais un hybride. Il y a des vieux diesels qui polluent bien plus.

Louis, un habitant du quartier Rive Droite de Caen.

Une mauvaise blague qui peut coûter cher

Pas de frais pour Louis cette fois-ci, à qui le garage a prêté un gonfleur électrique. Mais la note aurait pu être salée, comme le souligne le garage St-Michel. "En général, les assurances prennent en charge un pneu dégonflé, mais l'assistance est limitée à 1 ou 2 interventions de ce type par an. Une fois cette limite dépassée, en fonction des contrats, le dépannage du véhicule peut coûter jusqu'à 240 euros à la personne." 

Christelle G.* a été victime de cette mauvaise blague en mai dernier, et elle a eu très peur : "Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite. Arrivée à un rond-point, ma voiture est partie en vrac. J'ai failli avoir un accident." Une belle frayeur qui lui a coûté 700 euros pour ses deux pneus arrière dégonflés. Cette fois-ci, aucun message n'avait été laissé sur son pare-brise, mais pour Christelle G., il n'y a aucun doute. C'est le même genre d'action.

Je peux comprendre leur cause, mais moi ça m’a mise en danger. J'aurais pu avoir un accident. Et ça n’arrange en rien le problème du climat.

Christelle G. victime de pneus dégonflés en mai 2024

"On comprend leur combat, mais c'est maladroit"

Contactés, les militants écologistes d'Action Rébellion affirment ne pas être les instigateurs de cette action. "On ne s’attaque pas aux personnes, et aux biens, ce n'est pas dans nos consensus d’action. Nous, on cible plutôt les décideurs et les entreprises."

Pour Camille, porte-parole du groupe, les SUV polluent à la production et à la consommation, c'est certain, mais il y a d'autres moyens d'agir.  

Quant au message laissé sur le tract, "si la loi ne vous punit pas, alors nous le ferons", il fait couler beaucoup d'encre sur les réseaux sociaux.

(*) les noms des personnes interrogées ont été changés pour garantir leur anonymat.

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