Faut-il interdire les manèges à poneys dans les centres-villes et les foires ? Caen n'en accueillera pas cette année

Les associations de défense des animaux et l'opinion condamnent majoritairement les manèges à poney, jugés obsolètes et dangereux pour l'animal. Certaines villes vont jusqu'à les interdire. Face aux protestations, Caen y a renoncé. Explications

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[Mise à jour 24 avril 2019 : la ville de Caen n'accueillera pas de manège à poneys en 2019]

Dans un premier temps, la Ville de Caen avait autorisé l'installation d'un manège à poneys à l'occasion de la Foire de Pâques 2019, qui se tient du 3 au 26 mai au parc des expositions de Caen. Une tradition qu'elle ne perpétuera pas face à l'opposition d'associations de bien-être animal. Le service de communication de la ville confirme avoir reçu de nombreuses sollicitations à ce sujet. Une discussion a eu lieu avec le forain qui a décidé de changer d'attraction. Un trampoline remplacera l'attraction controversée.
 



Pour comprendre ce qu'est un manège à poneys, prenez un carrousel et remplacez les faux chevaux par de vrais poneys attachés, qui tournent en rond les uns derrière les autres.
 

Une attraction autorisée mais réglementée

"Nous nous assurons des bonnes conditions d'accueil des animaux", rassurait la Ville, début avril.

Sur l'arrêté municipal autorisant le manège à s'installer, il était stipulé que : " les poneys en attente devront être placés sous une tente, ou tout autre moyen permettant de les mettre à l'abri des éléments climatiques, disposer de litière, d'eau et de foin. Les poneys devront être tenus en main lors de la promenade qui a lieu sur un parcours prédéfini. L'attraction sera interdite aux enfants de plus de 10 ans. Les enfants devront disposer d'un marche pieds ou être assistés pour monter sur les poneys sans leur occasionner de souffrances inutiles au dos."
 

Une réglementation insuffisant pour les défenseurs de la cause animale

L'association de défense des animaux Stéphane Lamart, dont le refuge est situé dans le Calvados, a alerté l'opinion via son site et surtout une pétition adressée au préfet du Calvados (17 000 signatures mi-avril). 

Elle dénonce cette pratique "d'un autre temps qui ne procure que souffrance et tristesse aux animaux".
 
Célia Rémy, au pôle de défense des animaux à l'association, précise : "La Ville a demandé des précautions certes mais qu'elles seront les conditions exactes de leur application ? Les poneys seront laissés sous des tentes de quelles dimensions ? Combien d'animaux y seront parqués immobiles ? Le simple fait d'autoriser un manège oblige les animaux à tourner en rond plusieurs heures. Cela les désoriente. On a eu plusieurs témoignages montrant des poneys morts d'épuisement."

Elle ajoute : "On ne veut pas priver les forains de leur travail mais seulement qu'ils trouvent des solutions alternatives, comme de vraies balades ou des ininiations pédagogiques."
 

"Ce ne sont pas des chevaux de bois" 

Gilles-Raymond Fontaine, vétérinaire équin à Saint-Contest, n'a jamais eu a intervenir sur des problèmes liés aux manèges à poneys. Il tempère donc : "Certes, ce ne sont pas des chevaux de bois, mais tout est une question de mesure ! Le rythme idéal, c'est 30 minutes de marche et 15 min de pause, surtout sous la chaleur. Et bien sûr, veiller à abreuver les poneys régulièrement."

Le vétérinaire suggère : "Au lieu de tout interdire, des règles de bonnes pratiques intégrant le bien être animal devraient être édictées par la Fédération française d'équitation." 
 

L'animal : un objet ou un être sensible ?

L'association Stéphane Lamart accuse ces manèges d'aller contre l'esprit d'un article du Code civil.

En janvier 2015, les animaux y étaient reconnus "comme des êtres vivants et sensibles". Alors que, selon l'association, les manèges véhiculent "l’image qu’un animal reste un objet".

Même si juridiquement, les animaux sont toujours considérés comme des biens, l'association Stéphane Lamart cite également l'article L214-1 du Code rural : "Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce." Un aspect qui n'est pas pris en compte, selon l'association, dans le cas des manèges à poneys.
 

Ils ont interdit les manèges à poneys 

En France, les manèges de ce type existent toujours, même s'ils se font plus rares. Seules quelques villes les ont interdit, comme Soissons (02), Arpajon (91) et Douai (59) et Revel (31), notamment grâce à des mobilisations citoyennes. En Europe, c'est Bruxelles qui a fait le plus parler d'elle. Le manège à poneys à la Foire du midi en août 2018 avait soulevé de vives critiques sur la toile. En janvier 2019, la Belgique a donc pris les choses en main. Une ordonnance interdit désormais ces installations dans la capitale. 

En France, "aucune interdiction n’est en projet", regrette l'association Trente millions d'amis.

 
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