Épidémie dans les forêts de l'Orne : le typographe attaque !

Le typographe, un coléoptère se développant sur les épicéas et entraînant le périssement des arbres, voit sa population considérablement augmenter. Le problème est d'abord apparu dans l'est de la France. Il se pose désormais dans l'Orne où l'ONF prend le sujet très au sérieux.

C'est un coléoptère bien connu des forestiers. Le scolyte creuse un trou dans l'arbre pour se reproduire et se développer. Il se nourrit du bois, ce qui entraîne une limitation de la circulation de la sève et, à terme, la mort de l'arbre. "C'est une espèce endémique, c'est à dire qu'on en retrouve à l'état normal mais il se trouve qu'à la faveur d'événements météo favorables, ces populations peuvent exploser", explique Christian Clément, responsable de l'unité territoriale du bocage de l'ONF (Office national des forêts). Et c'est justement ce qui se passe depuis quelques mois en France. D'abord dans l'est du pays et maintenant dans l'Orne.
 


"Un enjeu sanitaire majeur"

Dans le département normand, l'ONF prend le sujet très au sérieux et réalise actuellement un état des lieux. Les premiers symptômes, décollement d'écorces et pieds secs, son apparus en nombre ces dernières semaines "suite à l'hiver doux", selon Véronique Etienne, de l'ONF. Plusieurs foyers ont été recensés dans les forêts domaniales d'Ecouves, d'Andaines, de Gouffern ou de Moulins-Bonsmoulins. Le typographe, un scolyte friand d'épicéa, est en pleine expansion. Rien que sur la forêt d'Andaines, "700 hectares sur 5400 sont susceptibles d'être infestés par cette espèce", indique Christian clément, "c'est donc un enjeu sanitaire majeur".
 
Reportage de Nicolas Corbard et Damien Migniau


Limiter les pertes économiques

Le problème, c'est qu'il n'y a pas de traitement curatif. Quand les foyers sont trop importants ou trop nombreux, la seule solution peut consister à abattre toute une parcelle (avec un reboisement l'année suivante), pour éviter la propagation mais aussi limiter la perte économique. "Les bois (ndlr: colonisés par le typographe) ne sont pas toujours sains, ils sont déjà altérés, piqués avec des bleuissements, ce sont donc des bois qui vont plutôt aller pour l'emballage, les palettes, les panneaux", explique Jean-Paul Lecomte, technico-commercial à l'ONF. Pas les débouchés les plus lucratifs. 

A l'automne dernier, nos confrères de France 3 Grand Est interrogeaient Roger Perrin, président des forestiers privés des Vosges. "Généralement ce bois se négocie à 60 euros le mètre cube. Aujourd’hui nous sommes dans une fourchette de 15 à 20 euros", expliquait-il alors que la région était sévèrement touchée par ce fléau
 

Pas de frontière pour les espèces naturelles

 Et le domaine privé, c'est aussi une source d'inquiétude pour l'ONF, surtout dans un département, l'Orne, où celui-ci représente 80% de la surface forestière. "Les espèces naturelles ne connaissent pas les frontières entre la forêt publique et la forêt privée", déplore Christian Clément, "Même si ils ont un bon niveau d'information, les propriétaires privés ne sont pas autant formés que l'ONF. Donc il y a un risque d'inertie. Qui dit risque d'inertie dit risque de propagation de la maldaie, dans la forêt privée mais aussi du privé vers le public. On peut déployer tous les moyens du monde en forêt domaniale, si on est entouré de forêts privées on peut continuer à se faire infecter." Et d'inviter les propriétaires à se rapprocher des services compétents de l'Etat comme la direction départementale de surveillance des territoires ou le centre régional de la propriété forestière. 




 
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