" J'ai fait un bac littéraire et je suis devenue physicienne"

Selon l’Unesco, moins de 30 % de chercheurs scientifiques dans le monde sont des femmes. Rencontre avec Francesca Gulminelli, chercheuse en Physique à l'Université de Caen. 

Société
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Francesca Gulminelli n'a eu aucune vocation précoce pour la physique. Dans son Italie natale, elle a suivi des études littéraires jusqu'au bac, ses meilleurs notes étaient en grec ancien et en philosophie, et elle s'est seulement ensuite approchée de la physique. " Au début, un peu par hasard, j'aimais les choses qui font sens, la philosophie interragit avec les maths, je trouvais des connexions entre toutes ces matières. Je crois que la transversalité est une réponse pour donner de l'attrait aux sciences d'ailleurs".

Aujourd'hui, Francesca Gulminelli nous explique notamment construire des modèles théoriques fondamentaux, nous parle astrophysique nucléaire " pour comprendre les astres compacts, des résidus d'étoiles menacées d'effondrement à cause de la gravitation". 

L'apprentissage que la plupart d'entre nous a eu de la science à l'école est une série de formules arides et obscures, un langage inaccessible au plus grand nombre et déconnecté de leurs émotions et de leurs soucis. Pourtant la physique théorique est, d'abord et avant tout, une des plus puissantes approches interprétatives du réel. La physique théorique est un art, et comme tous les arts elle peut et elle se doit de parler à tout le monde. Les équations sont émouvantes comme des symphonies, évocatrices comme des tableaux, mais à la différence des autres arts, la physique se confronte sans arrêt avec le monde extérieur. 

Francesca Gulminelli a suivi sa curiosité de jeune fille puis de jeune femme, direction la Physique à l'Université de Milan, des stages à l'étranger en physique nucléaire comme  en Allemagne, aux Etats-Unis ...jusqu'au Doctorat au début des années 90.

On n'oriente pas et on n'éduque pas les filles à envisager les sciences, encore moins les carrières scientifiques. Le stéréotype y a grandement sa place, les disciplines sont présentées sous l'égide de l'image de la science technique avec une prévalence de l'intellect en opposition au reste de la personnalité humaine, complète, épanouie

 

 

Déterminisme sociétal, social et inconscient


Diverses études se sont interrogées sur ces différences de réussites scolaires dans les matières scientifiques comme les mathématiques entre garçons et filles: la force des stéréotypes inconscients y est souvent mis en avant (perceptions de représentations sociales, dès les petites classes, autodévalorisation en mathématiques, estime de soi négative dès le plus jeune âge,  jouets genrés entre garçons et filles). 

 Je pense que je suis ambitieuse et j'avais à l'esprit que le pouvoir au sens strict du terme est dans la science et dans la technique, des métiers investis par des hommes...je me suis dit pourquoi pas moi? 

Francesca Gulminelli fait figure d'électron libre dans ce monde des sciences " très gendré". En 1994, Francesca Gulminelli est embauchée comme enseignante chercheuse (Maître de Conférences) à l'Université de Caen, où elle travaille encore aujourd'hui, orientant ses recherches vers la mécanique statistique des systèmes nanoscopiques et microscopiques. Elle est aujourd'hui chercheuse à plein temps. 

Je me rejouis d'une journée qui met en lumière les femmes dans la science, on présente toujours l'exemple de Marie Curie qui d'ailleurs eu le droit d'exister par son mari, mais Curie, c'est un peu poussiereux comme modèle, il y en a des plus contemporains pour dire aux jeunes filles que cette voie leur est grande ouverte! 

Et de noter : " Honnêtement, sur le papier, il n'y a pas d'écueils administratifs, les concours restent des concours mais par contre, il y a un décalage entre la réussite à ces concours des femmes et l'embauche derrière qui va favoriser les hommes ...Par exemple aussi, une grossesse peut être discriminante car elle peut entraîner une publication de moins et changer un recrutement". 


La parité, c'est une forme de réponse qui n'est pas parfaite mais elle a au moins le mérite, à terme, de tendre vers une forme d'égalité...

La chercheuse raconte n'avoir jamais rencontré de condescendance masculine dans sa carrière, elle raconte aussi que lorqu'elle constitue des jurys de thèses parfois exclusivement féminins, il y a toujours une remarque comme " oh le beau jury...L'inverse lui n'arrive jamais pourtant il est usuel!" 
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