Ce vendredi 18 septembre le parc des expositions de Caen accueille son premier événement depuis le confinement. Si la foire de Caen suscite beaucoup d'attente chez les professionnels, nombre d'entre eux craignent que la fête soit gâchée.
Six mois que le parc des expositions de Caen était désert. Le site n'a accueilli aucun évenement depuis le début du confinement. Alors, derrière son masque, Paul Séchaud, le directeur général de Caen Evénements, a le sourire. Depuis plusieurs jours, on s'active dans les halls pour que tout soit prêt le 18 septembre prochain. La vie semble reprendre ses droits. Et le patron des lieux veut y croire.
"C'est notre métier, on vit pour l'organisation de tels événements, pour accueillir du public. Ouvrir dans deux jours la foire internationale de Caen, LE grand événement de la rentrée sur notre territoire, est un vrai plaisir." L'organisation d'un tel rendez-vous, qui rassemble tous les ans atour de 100 000 personnes, ne relève pourtant pas de l'évidence dans le contexte sanitaire actuel. Depuis plusieurs jours, l'Agence Régionale de Santé alerte sur la "forte accélération" de la circulation du virus en Normandie.
Au début du mois, dans la région, la foire de Rouen a ouvert la voie. Ce rendez-vous, reporté à plusieurs reprises, a attiré 60 000 visiteurs contre 120 000 habituellement. A Caen, le "protocole sanitaire très strict" sera identique avec un système installé à l'entrée et à la sortie permettant de compter, en temps réel, le nombre de personnes présentes sur le site et ainsi ne pas dépasser la jauge des 5000 imposée par les autorités.
"La foire, c'est ni plus ni moins qu'un grand centre commercial"
"Aujourd'hui, on va au restaurant en ville, aujourd'hui on va dans les grandes surfaces et les grands centres commerciaux le weekend. La foire, c'est ni plus ni moins qu'un grand centre commercial éphénmère avec des grands restaurants", plaide Paul Séchaud, "Les règles sanitaires s'appliqueront sur la foire exactement comme elles s'appliquent dans un centre commercial ou un restaurant."Ces règles, aussi contraignantes soient-elles, font désormais partie du quotidien de tout organisateur d'événement, un quotidien qui doit, estime le directeur de Caen Evénements, retrouver son cours normal. "On a tous besoin d'aller de l'avant, de repartir", affirme Paul Séchaud, "Ce genre de grand rendez-vous permet aussi de montrer qu'on est en capacité de surmonter cette épreuve avec laquelle nous allons devoir vivre encore un certain temps."
"On a de gros doute sur la fréquentation"
L'épreuve est non seulement sanitaire mais également économique. "Certains exposants font entre 30 et 40 foires par an, donc pour ceux-là c'était absolument crucialcar ils ont eu six mois d'arret. Ensuite, pour 70% d'entre eux qui sont des entreprises locales ou régionales, c'est un véritable complément de commerce, ça leur permet d'aller à la rencontre de leur public mais aussi de trouver de nouveaux clients", souligne Paul Séchaud.Si plusieurs petites entreprises qui n'ont "pas pignon sur rue", selon leurs représentants, ont fait le déplacement, l'ambiance n'est pas vraiment à la fête. "Il y a moitié moins de monde que d'habitude, il y a un gros manque de stands aussi bien sur l'extérieur que sur l'intérieur", estime ainsi Julien Grosset, de Normandie Chauffage, qui a hésité à venir. "On a de gros doute sur la fréquentation de la foire de Caen. On va tous être plus ou moins à perte sur nos stands. La fréquentation va être divisée par deux ou par trois."
"Encore huit jour de travail et après, zéro"
Dans le secteur événementiel, les prestataires ont également beaucoup souffert. Et l'ouverture de la foire de Caen ne constitue en rien le bout du tunnel. "Pour nous, ça s'est arrêté le 17 mars et depuis, on n'a quasiment pas fait d'événement, tout a été annulé : mariages, foires, grands événements sportifs", explique Bertand Durand, dont l'entreprise Durand Location installe des tentes sur la foire de Caen. "On a du travail encore huit jours, parce qu'habituellement septembre est un gros mois, mais en octobre, novembre et décembre, c'est zéro. Tout le monde en chômage partiel."Dans l'événementiel, l'heure n'est pas au redémarrage de l'activité. "Actuellement, on a des annulations pour des montages de patinoires au mois de décembre : les mairies surppriment les patinoires. On ne voit pas le bout. Ce ne sera pas avant le printemps prochain, avril-mai. Si tout va bien." Pour alerter sur la situation de cette profession et interpeller le gouvernement, le syndicat Synapse a d'ailleurs décidé de lancer du 14 au 18 septembre l'opération Lumière - alerte rouge. Des prestataires techniques éclaireront en rouge leurs entreprises mais également des bâtiments publics et privés. En Normandie, le festival Beauregard a relayé l'appel à l'aide de cette profession qui constitue un partenaire indispensable à l'organisation de tout événement culturel.